Qu'est-ce que le trouble dysphorique prémenstruel ?
Le TDPM est une forme sévère du syndrome prémenstruel caractérisée par des symptômes psychologiques lourds qui font leur apparition durant la phase lutéale (environ une semaine avant les règles) et disparaissent quelques jours après leur début. Le TDPM n’est pas considéré comme une maladie mentale chronique mais comme un trouble cyclique. Une prise en charge adaptée pour soulager les symptômes est possible mais relativement élaboré à mettre en place. On vous dit tout sur le sujet.
Quels sont les symptômes du syndrome prémenstruel ?
Pour rappel, le syndrome prémenstruel regroupe une série de symptômes physiques et psychiques qui précèdent le moment des règles et disparaissent lorsqu’elles apparaissent. Leur type et leur intensité varient beaucoup d'une femme à l'autre et même d'un cycle à l'autre. Le SPM est très répandu, touchant environ 75% des femmes menstruées et à des degrés divers. Voici les principaux symptômes du SPM.
Les symptômes physiques
- Seins douloureux ou sensibles,
- ballonnements, rétention d'eau,
- douleurs abdominales, crampes,
- maux de tête, migraines,
- troubles digestifs (constipation, diarrhée),
- fatigue,
- troubles du sommeil,
- acné.
Les symptômes psychologiques
- Irritabilité,
- sautes d'humeur,
- anxiété,
- déprime légère,
- difficultés de concentration,
- baisse de la libido.
Quels sont les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel ?
Il faut savoir que la plus grande différence entre le SPM et TDPM est que les symptômes psychologiques sont beaucoup plus prononcés. Ils apparaissent eux aussi environ une semaine avant les règles et disparaissent quelques jours après leur début. Pour poser le diagnostic de TDPM, au moins 5 de ces symptômes doivent être présents dans la semaine précédant les règles, perturber significativement la vie quotidienne, et ce pendant au moins 2 cycles menstruels consécutifs. Les symptômes physiques comme les douleurs de règles, les maux de tête, les troubles digestifs peuvent également être présents mais ce sont les symptômes psychologiques invalidants qui caractérisent le TDPM.
Voici les principaux symptômes du trouble dysphorique prémenstruel :
- Humeur dépressive intense,
- forte anxiété,
- irritabilité et colères extrêmes,
- troubles du sommeil,
- difficultés de concentration,
- baisse d'intérêt pour les activités habituelles,
- idées suicidaires dans les cas les plus sévères.
Le trouble dysphorique prémenstruel est-il fréquent ?
Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) est considéré comme un trouble fréquent chez les femmes en âge de procréer. On estime qu’environ 8% des femmes souffriront du TDPM au cours de leur vie. Chez les adolescentes, jusqu'à 20% présentent des symptômes évocateurs du TDPM, même si elles ne remplissent pas à priori tous les critères diagnostiques. Cependant, le TDPM est beaucoup moins fréquent que le syndrome prémenstruel classique (SPM), qui touche environ 20 à 30% des femmes.
Qui peut diagnostiquer ce trouble ?
Le diagnostic du trouble dysphorique prémenstruel peut être posé par différents professionnels de santé, notamment un gynécologue ou un psychiatre.
Le diagnostic est généralement établi de la manière suivante :
- Le médecin (gynécologue ou psychiatre) demande à la patiente de tenir un calendrier détaillé de ses symptômes sur plusieurs cycles menstruels, afin d'évaluer leur sévérité, leur durée et leur lien avec les règles.
- Pour poser le diagnostic de TDPM, au moins 5 symptômes spécifiques, dont un symptôme psychologique majeur comme une humeur dépressive intense, doivent être présents dans la semaine précédant les règles et disparaître quelques jours après leur début, et ce pendant au moins 2 cycles menstruels consécutifs.
- Le médecin s'assure que ces symptômes perturbent significativement les activités quotidiennes, sociales ou professionnelles de la patiente.
Comment différencier un trouble dysphorique prémenstruel, un syndrome prémenstruel (SPM) ou une autre pathologie ?
Le médecin doit d’abord veiller à écarter certaines pathologies dont les symptômes peuvent s’apparenter à un trouble dysphorique prémenstruel. Parmi celles à exclure, nous avons :
- Périménopause
- Fatigue chronique
- Maladie thyroïdienne
- Maladie du côlon irritable
- Dépression ou anxiété
Qu'est ce qui provoque un trouble dysphorique prémenstruel ?
Bien que les causes exactes du trouble dysphorique prémenstruel ne soient pas complètement élucidées, plusieurs hypothèses ont été avancées par les chercheurs.
Les facteurs hormonaux
Les symptômes du TDPM apparaissant dans la phase lutéale du cycle menstruel (entre l'ovulation et les règles) et s'améliorant après les règles, les fluctuations des hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone) sont suspectées de jouer un rôle clé. Certaines femmes pourraient être plus sensibles à ces variations hormonales, ce qui déclencherait ces rudes symptômes.
Les facteurs biochimiques
Une baisse de la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l'humeur, pourrait être établie comme cause du TDPM. Les variations de sérotonine seraient liées aux fluctuations des hormones sexuelles.
Les facteurs génétiques
Des antécédents familiaux de TDPM pourraient également suggérer une prédisposition génétique chez certaines femmes.
Stress et traumatismes
Une forte exposition au stress ainsi que des antécédents de traumatismes pourraient également être considérés comme des facteurs de risque de trouble dysphorique prémenstruel.
Peut-on faire un lien entre trouble dysphorique prémenstruel et endométriose ?
Le TDPM est un trouble cyclique lié aux fluctuations hormonales du cycle menstruel, caractérisé par des symptômes psychologiques sévères dans la phase lutéale. L'endométriose est une maladie chronique inflammatoire caractérisée par la présence anormale de tissu semblable à la muqueuse utérine (endomètre) en dehors de l'utérus. Ses principaux symptômes sont des douleurs pelviennes et des règles douloureuses. Bien que les deux pathologies touchent des femmes en âge de procréer et soient liées à leur cycle menstruel, elles ont des causes, des mécanismes physiopathologiques et des symptômes très différents. Pour finir, aucune étude scientifique n'a pour le moment démontré une association entre le TDPM et l'endométriose.
Quelles solutions pour prendre en charge un trouble dysphorique prémenstruel ?
Il n’existe malheureusement aucun traitement qui permettrait de remédier au trouble dysphorique prémenstruel. Cependant, plusieurs options s’offrent aux femmes qui souhaitent avoir un œil sur leurs symptômes et diminuer leur impact au maximum.
Modifications du mode de vie
Dans certains cas, des changements de mode de vie simples peuvent aider à réduire certains symptômes.
- Adopter une alimentation équilibrée et réduire la consommation de sel, sucre, caféine et alcool. Un apport suffisant en Oméga-3 est d'ailleurs recommandé pour réduire les troubles liés au cycle menstruel.
- Faire régulièrement de l'exercice physique et surtout adapter sa pratique sportive en fonction de son cycle menstruel.
- S’approprier certaines méthodes de relaxation et de gestion du stress.
- Bien dormir et respecter une bonne hygiène de sommeil.
Psychothérapie
Une psychothérapie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), peut aider à mieux gérer les symptômes psychologiques invalidants du TDPM. Elle permet d'identifier et de modifier les pensées et comportements négatifs.
Traitements médicamenteux
Plusieurs options médicamenteuses sont envisageables sous contrôle médical :
- Contraceptifs oraux combinés, en particulier ceux contenant de la drospirénone, qui stabilisent les variations hormonales,
- Antidépresseurs de type ISRS (paroxétine, fluoxétine, sertraline) qui agissent sur la sérotonine,
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, naproxène) pour soulager les symptômes physiques.
Chirurgie
Dans les cas les plus sévères, une ovariectomie bilatérale (ablation des ovaires) peut être proposée pour supprimer définitivement les variations hormonales cycliques. Mais c'est une solution extrême utilisée en dernier recours.
Une prise en charge pluridisciplinaire (gynécologue, psychiatre, psychologue, diététicien, etc.) est souvent nécessaire pour soulager efficacement les symptômes du TDPM. L'objectif est de combiner les différentes approches thérapeutiques.
Sources :
- Trouble dysphorique prémenstruel : un mal encore sous-diagnostiqué - qare.fr
- Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique - revmed.ch
- Syndrome prémenstruel (Trouble dysphorique prémenstruel; tension prémenstruelle) par JoAnn V. Pinkerton, MD, University of Virginia Health System - msdmanuals.com