L’infarctus chez la femme : reconnaître les signes avant-coureurs
En France, les maladies cardiovasculaires chez la femme sont insuffisamment prises en charge. Manque de connaissance des facteurs de risque, insuffisance de suivi médical et minimisation des symptômes sont autant de raisons qui compliquent la prévention et le traitement des maladies du cœur chez la femme. Pourtant, ces pathologies peuvent mener à un infarctus du myocarde. Reconnaître les signes avant-coureurs de cette urgence vitale peut sauver des vies.
L’infarctus du myocarde : qu’est-ce que c’est ?
L’infarctus du myocarde, couramment appelé « crise cardiaque », se produit lorsqu'une partie du muscle cardiaque (le myocarde) ne reçoit pas suffisamment d'oxygène en raison d'une interruption ou d'un rétrécissement des artères coronaires par des plaques d'athérome (athérosclérose). Il constitue une urgence médicale qui nécessite l’intervention immédiate de professionnels de santé.
Quels sont les facteurs de risque féminins de la crise cardiaque ?
Facteurs de risque généraux
Il existe deux types de facteurs de risque cardiovasculaires : les facteurs modifiables et les facteurs non modifiables.
Les facteurs modifiables désignent ceux sur lesquels vous pouvez agir. Vous pouvez prendre des mesures pour les réduire en apportant des modifications à votre mode de vie. Ils incluent :
- L'hypertension artérielle ;
- L'hypercholestérolémie ;
- Le tabagisme ;
- Le diabète de type 2 ;
- L'obésité ;
- La sédentarité.
En revanche, l'âge, les antécédents familiaux ou les facteurs hormonaux font partie des facteurs qui ne peuvent pas être directement modifiés. Plus vous cumulez de facteurs de risque, plus vous êtes exposé(e) à développer des maladies cardiovasculaires.
Facteurs de risque propres aux femmes
L'arrêt de la production d'œstrogènes dû à la ménopause a un impact significatif sur le système cardiovasculaire des femmes. Les œstrogènes ont un effet protecteur sur les vaisseaux sanguins en favorisant la dilatation des artères et en réduisant l'accumulation des plaques d'athérome. Après la ménopause, la diminution des niveaux d'œstrogènes peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.
Certains types de contraceptifs hormonaux, en particulier ceux contenant des œstrogènes et de la progestérone, peuvent également influencer le risque cardiovasculaire. Ils peuvent provoquer des effets sur la pression artérielle et les taux de lipides sanguins. Ces moyens de contraception sont généralement déconseillés aux femmes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire.
Enfin, la grossesse peut exercer un stress sur le cœur et les vaisseaux sanguins, en particulier en cas de pré-éclampsie, de diabète gestationnel ou de complications graves. Les femmes qui ont eu des problèmes de santé pendant la grossesse peuvent être plus à risque de développer des maladies cardiovasculaires sur le long terme.
Signes avant-coureurs de l’infarctus : quelles différences entre hommes et femmes ?
De manière générale, les symptômes typiques de l’infarctus du myocarde incluent une gêne intense au niveau des bras, des épaules, du dos, du cou et de la mâchoire, des douleurs thoraciques, des palpitations et un essoufflement.
Chez la femme, d’autres symptômes s’y ajoutent : étourdissement, brûlures d’estomac, nausées ou vomissements, sueurs froides et fatigue intense.
Pourquoi la crise cardiaque féminine est-elle moins reconnue ?
Symptômes atypiques
Les femmes sont plus susceptibles de présenter des symptômes atypiques lors d'un infarctus du myocarde, comme ceux décrits ci-dessus. Elles peuvent éprouver des symptômes plus subtils, qui ne sont pas reconnus comme étant des signes d’un accident cardiovasculaire : ils peuvent être mal interprétés ou attribués à d'autres problèmes de santé.
Minimisation de la douleur
Les femmes ont parfois tendance à minimiser leurs symptômes ou à les attribuer à d'autres causes. Elles peuvent ne pas considérer immédiatement la possibilité d'un accident cardiovasculaire, ce qui peut faire perdre de précieuses minutes lorsque la crise se présente. Cette minimisation est due à plusieurs raisons : les femmes peuvent être invitées à plus se soucier des autres qu'elles-mêmes. Le système de santé peut aussi en être responsable en minimisant la douleur des femmes ou en l’attribuant à d’autres causes et pathologies.
Différences hormonales
Les fluctuations hormonales associées au cycle menstruel, à la grossesse et à la ménopause, peuvent influencer la façon dont les femmes ressentent et réagissent à la douleur. Cela peut rendre plus difficile la perception de la douleur cardiaque et retarder son diagnostic. Par ailleurs, elles peuvent être plus habituées à ressentir de la douleur que les hommes, notamment en cas de règles douloureuses (dysménorrhée), d’endométriose, etc.
Âge et perception de la maladie
Les infarctus du myocarde touchent généralement les femmes à un âge plus avancé que les hommes. Les jeunes femmes peuvent ne pas considérer qu'elles sont à risque, ce qui peut entraîner un retard dans la prise en charge médicale.
Méconnaissance générale des maladies cardiaques chez la femme
Il existe souvent une méconnaissance du risque cardiovasculaire chez les femmes, tant parmi les professionnels de la santé que parmi les femmes elles-mêmes. Cela peut conduire à une sous-estimation du risque et à un manque de vigilance. Ainsi, un accident cardiovasculaire peut passer sous le radar et être pris en charge trop tard.
Manque de données cliniques
Les femmes ont longtemps été sous-représentées dans les essais cliniques et la recherche sur les maladies cardiovasculaires. Par conséquent, les symptômes spécifiques aux femmes ont souvent été négligés, et les recommandations médicales se sont principalement basées sur les données masculines.
Absence de représentation dans les médias
Les représentations classiques des crises cardiaques présentées dans les médias (films, séries, etc.) sont majoritairement masculines. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : la méconnaissance des symptômes chez la femme s’ajoute à des problématiques liées au tournage lui-même. Par exemple, l’utilisation d’un défibrillateur chez la femme nécessite le retrait du soutien-gorge, ce qui est plus compliqué à montrer à l’écran que son utilisation chez l’homme.
Les stratégies de prévention du risque cardiovasculaire féminin
Agir pour son cœur
Quels que soient vos facteurs de risque cardiovasculaire (tabagisme, diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, obésité, sédentarité, hérédité), la prévention est primordiale afin d’éviter à tout prix une maladie cardiaque. Vous pouvez agir pour mettre toutes les chances de votre côté :
- Bouger davantage en réalisant 30 minutes d’activité physique par jour. Pour ce faire, marchez dès que possible, utilisez les escaliers plutôt que l’ascenseur, voyagez debout dans les transports en commun, rendez-vous au travail à vélo, jardinez, bricolez, etc.
- Adoptez une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits et légumes, faible en gras, sel et sucres.
- Dormez suffisamment.
- Réduisez au maximum votre stress en prenant du temps pour vous, en faisant des activités que vous aimez, en passant du temps avec vos proches. Consultez un professionnel de santé si vous souhaitez des conseils personnalisés pour mieux réduire votre niveau de stress.
- Arrêtez de fumer en vous tournant vers les substituts nicotiniques et en vous faisant aider par votre médecin de famille.
- Évitez la consommation d’alcool. Limitez-la à 2 verres par jour, avec plusieurs jours sans en consommer dans la semaine.
- Surveillez régulièrement votre pression artérielle et vos autres paramètres de santé chez votre médecin.
Adapter sa contraception
Si vous avez plus de 35 ans ou que vous fumez, il est recommandé d'opter pour des alternatives à la contraception hormonale, comme le dispositif intra-utérin en cuivre ou les préservatifs. En revanche, la contraception hormonale peut être envisagée si vous êtes diabétique (sans complications) ou si votre hypercholestérolémie est contrôlée par votre traitement. Dans tous les cas, avant de prendre une décision, parlez-en à votre médecin gynécologue ou sage-femme.
Surveiller son cœur pendant la grossesse
Au cours de la grossesse, environ 5 à 10% des femmes développent de l'hypertension artérielle, un facteur de risque potentiel pour la pré-éclampsie, une complication grave. Si vous souffrez d'hypertension pendant la grossesse, même en l'absence de pré-éclampsie, vous présentez un risque accru de maladies cardiovasculaires après l'accouchement et à long terme. Un suivi médical est donc nécessaire afin de l’éviter.
Se faire accompagner lors de la ménopause
La ménopause entraîne un risque plus élevé d’hypertension artérielle, d’hypercholestérolémie et de diabète de type 2. Ces pathologies augmentent le risque de développer une maladie cardiovasculaire ; il est donc important de se faire régulièrement dépister. Un suivi médical régulier permet de les prendre en charge assez tôt et de préserver son cœur.
Participer aux initiatives de dépistage : Le Bus du Cœur des Femmes
Le fonds de dotation « Agir pour le cœur des femmes / Women’s Cardiovascular Healthcare Foundation » a mis en place le Bus du Cœur des Femmes afin d’aller à la rencontre des femmes en situation de vulnérabilité pour un dépistage cardiovasculaire et gynécologique. Cette initiative est gratuite. Vous pouvez retrouver tous les détails sur le site agirpourlecoeurdesfemmes.com.
Réagir en cas de crise cardiaque
Vous êtes témoin d’un accident cardiovasculaire ou vous pensez en être victime ? Il faut réagir vite : l’infarctus du myocarde peut être mortel. Plus tôt il est pris en charge, moins les conséquences seront importantes :
- Vous pensez en être victime : Au moindre doute, appelez d’urgence les secours (le 112 ou le 15). Suivez scrupuleusement leurs conseils. En attendant leur arrivée, reposez-vous et gardez votre calme ; ne prenez pas la route pour vous rendre vous-même à l’hôpital. Si vos proches sont à vos côtés, informez-les de la situation afin qu’ils prennent les choses en main.
- Vous en êtes témoin : Si vous connaissez les gestes de premiers secours, c’est parfait : appliquez ce que vous avez appris. N’oubliez pas d’appeler rapidement les secours (le 112 ou le 15). Si vous ne les connaissez pas et que vous êtes seul(e), appelez immédiatement les secours (le 112 ou le 15) et suivez les indications de la personne au bout du fil.