Comment faire la différence entre une mycose et une infection vaginale ?
Vous observez peut-être des symptômes vulvaires ou vaginaux qui évoquent une mycose ou une vaginose. Si ces deux affections présentent des similitudes, les causes, les traitements et les conséquences diffèrent. Comment distinguer une mycose d’une infection vaginale pour agir efficacement et retrouver rapidement votre confort intime ?
Qu’est-ce qu’une mycose vaginale ?
La mycose vaginale est une infection due à la prolifération d’un champignon (Candida albicans dans la plupart des cas). Il n’est pas néfaste en soi ; ce microorganisme est naturellement présent dans votre flore vaginale. Cependant, il peut se multiplier anormalement en cas de déséquilibre et causer une mycose.
Mycose, candidose : une infection à causes multiples
Les causes de ce déséquilibre sont variées et incluent :
- La prise d'un traitement antibiotique ;
- Les fluctuations hormonales qui surviennent au cours de la vie (grossesse, ménopause) ;
- Une hygiène intime excessive ou trop agressive ;
- Le port prolongé de sous-vêtements en matières synthétiques ou trop serrés ;
- Le stress ou la fatigue ;
- Le diabète ou d’autres pathologies médicales spécifiques.
La mycose n’est pas une infection sexuellement transmissible, mais elle peut survenir après les premiers rapports sexuels ou lors de changements hormonaux importants.
Quels sont les symptômes typiques d’une mycose vaginale ?
Les symptômes de la mycose vaginale sont généralement très caractéristiques et facilement reconnaissables :
- Démangeaisons intenses au niveau de la vulve et du vagin ;
- Sensation de brûlure, surtout lors des rapports sexuels ou lorsque vous urinez ;
- Rougeurs et gonflements locaux ;
- Pertes vaginales blanches, épaisses et grumeleuses ;
- Douleurs pendant les rapports sexuels ;
- Parfois, petites fissures ou écorchures au niveau de la muqueuse.
Ces symptômes inconfortables n’ont pas pas besoin d’être tous présents pour évoquer une mycose.
Vaginose : Qu’est-ce qu’une infection vaginale autre qu’une mycose ?
Le terme infection vaginale regroupe plusieurs affections dont la plus fréquente est la vaginose bactérienne. Elle peut résulter d’un déséquilibre de la flore vaginale, avec une diminution des bactéries bénéfiques (lactobacilles) et une prolifération de bactéries dites anaérobies. Il s’agit de la cause la plus fréquente de pertes vaginales chez les femmes en âge de procréer ; on estime que sa prévalence mondiale se situe entre 23 et 29%.
Les causes de l’infection vaginale
Les facteurs de développement de la vaginose sont proches de celles de la mycose :
- Déséquilibre de la flore intime ;
- Hygiène excessive ou inadaptée ;
- Multiplication des partenaires sexuels ;
- Pose récente d’un dispositif intra-utérin.
À noter qu’auparavant, la vaginose n’était pas considérée comme une infection sexuellement transmissible (IST). Cependant, une étude publiée en 2025 dans le New England Journal of Medicine montre que traiter le partenaire masculin avec un antimicrobien combiné en complément du traitement féminin diminue la fréquence des récidives de vaginose bactérienne, ce qui suggère un rôle important du partenaire dans la persistance ou la réinfection. Cette étude pourrait, à terme, modfier et améliorer le protocole de prise en charge de la vaginose bactérienne en incluant le traitement du partenaire pour améliorer les résultats chez la femme.
Comment reconnaître une infection vaginale bactérienne ?
Là où les causes peuvent être similaires à celles de la prolifération de Candida albicans, les symptômes de la vaginose bactérienne diffèrent de ceux de la mycose :
- Pertes vaginales abondantes, fluides, grisâtres ou jaunâtres ;
- Odeur désagréable (que l’on compare parfois à celle du poisson), surtout après un rapport sexuel ;
- Démangeaisons et irritations ;
- Brûlure lors de la miction.
On dénote une absence de pertes épaisses et grumeleuses qui sont caractéristiques lors d’une mycose.
Si elle ne cause généralement pas de symptômes graves, une vaginose non traitée peut entraîner des complications grave comme un risque accru de contracter une IST, une inflammation pelvienne et, en cas de grossesse, des risques de fausse couche ou d’accouchement prématuré.
Quels sont les autres types d’infections vaginales ?
Outre la mycose et la vaginose, d’autres infections peuvent toucher votre intimité :
- La trichomonase : il s’agit d’une infection parasitaire, souvent sexuellement transmissible, qui provoque des pertes verdâtres, mousseuses et malodorantes, accompagnées de démangeaisons. Elle peut également causer des douleurs à la miction ;
- Les infections à Chlamydia ou Gonocoque : ces IST peuvent entraîner des pertes vaginales inhabituelles, des douleurs pelviennes, et des saignements en dehors des règles. Cependant, elles peuvent rester totalement asymptomatiques.
Là où la mycose et la vaginose restent des pathologies généralement bénignes (surtout si elles sont traitées avec des médicaments comme la crème Monazol, par exemple), la trichomonase et les IST doivent impérativement être diagnostiquées et prises en charge par votre médecin. Elles nécessitent un traitement adapté pour éviter les complications.
Mycose et vaginose : Pourquoi est-il important de bien les différencier ?
La distinction est essentielle, car les traitements ne sont pas les mêmes. La mycose nécessite un traitement antifongique (par exemple, une crème ou un ovule anti-mycosique), là où la vaginose bactérienne se traite avec des antibiotiques. Les IST, quant à elles, requièrent certains traitements spécifiques et un dépistage chez le ou la partenaire.
Utiliser un traitement inadapté peut aggraver la situation ou retarder la guérison. Par exemple, appliquer un antifongique sur une vaginose ne sera d’aucune utilité, et inversement, un antibiotique peut aggraver une mycose en détruisant encore plus la flore protectrice.
Si vous présentez pour la première fois des symptômes évoquant une mycose ou une infection vaginale, il est recommandé de consulter votre médecin ou votre gynécologue qui pourra réaliser un examen gynécologique, effectuer un prélèvement vaginal pour analyse si besoin et prescrire le traitement adapté à votre situation. Dans certains cas (symptômes typiques, récidives connues), l’automédication peut être envisagée, mais il est toujours préférable d’avoir le diagnostic de votre professionnel(le) de santé, surtout en cas de doute ou de symptômes atypiques.
Quels sont les traitements disponibles pour la mycose vaginale ?
Maintenant que vous pouvez différencier mycose et vaginose, le choix du traitement à utiliser devient plus simple. Dans le cas de la mycose, il repose sur l’utilisation de médicaments antifongiques locaux ou oraux :
- Ovules ou comprimés vaginaux antifongiques ;
- Crèmes à appliquer sur la vulve pour soulager les démangeaisons ;
- Parfois, traitement oral en cas de récidives ou d’échec du traitement local.
Utilisé en première intention, le monazol est un antifongique efficace qui permet de traiter rapidement la mycose, le plus souvent en une seule application.
En cas de récidive, il est recommandé de traiter également votre partenaire.
Comment traiter une vaginose bactérienne ?
La vaginose bactérienne nécessite un traitement antibiotique spécifique sous forme de comprimés ou de gel vaginal à base de métronidazole ou de clindamycine. Il est important de respecter la durée du traitement et d’éviter à tout prix l’automédication : un mauvais usage des antibiotiques peut favoriser les résistances et les récidives, et aggraver les déséquilibres de la flore vaginale.
Peut-on prévenir les mycoses et les infections vaginales ?
Il existe heureusement plusieurs gestes simples permettant de réduire le risque de récidive de mycoses. Il faut :
- Privilégier des produits adaptés au pH vaginal pour nettoyer la vulve ;
- Éviter les douches vaginales (le vagin est un organe auto-nettoyant) ;
- Porter des sous-vêtements en coton et éviter les vêtements trop serrés au quotidien ;
- Se sécher soigneusement après la toilette ou la baignade ;
- Adopter une alimentation équilibrée, riche en probiotiques naturels (yaourts, kéfir) ;
- Uriner après chaque rapport sexuel pour limiter la prolifération des germes.
Si vous souffrez de mycoses ou d’infections vaginales à répétition (plus de 4 épisodes par an), il est important de consulter un(e) gynécologue. Un bilan complet permettra d’identifier les facteurs favorisants (déséquilibre hormonal, diabète, hygiène, etc.) et d’adapter la prise en charge avec un traitement antifongique de fond, un changement de contraception ou la recherche d’une éventuelle infection chez le ou la partenaire.
Quand faut-il s’inquiéter et consulter en urgence ?
Certains signes doivent vous pousser à consulter rapidement :
- Fièvre, douleurs pelviennes intenses ;
- Saignements en dehors des règles ;
- Pertes verdâtres, mousseuses ou très abondantes ;
- Symptômes persistants malgré le traitement ;
- Apparition de symptômes chez votre partenaire.
Dans ces cas, un examen médical est indispensable pour écarter une infection plus grave ou une complication. Dans tous les cas, consultez votre médecin ou gynécologue au moindre doute.
Sources :
- Vaginose bactérienne - who.int
- Reconnaître une vaginite - ameli.fr
- Vaginites et mycoses vaginales - vidal.fr
- Male-Partner Treatment to Prevent Recurrence of Bacterial Vaginosis - nejm.org