Dépendance à l’alcool : À partir de quand devient-on alcoolique ?
Même si la consommation d'alcool a diminué de moitié depuis les années 1970, elle demeure élevée en France, excédant de 30% la moyenne européenne. Ainsi, il est essentiel de savoir à partir de quand on parle de dépendance et de pouvoir évaluer sa dépendance à l'alcool.
La consommation d’alcool en France
Selon une étude de 2017, 15,2 % des Français et 5,1 % des Françaises consomment quotidiennement de l’alcool. Les 65-75 ans sont 26 % à boire de l’alcool tous les jours, contre 2,3 % des 18-24 ans. Cependant, ces derniers sont 54 % à déclarer avoir eu une alcoolisation ponctuelle importante (le fait de boire au moins 6 verres en une occasion) au cours des 12 derniers mois.
Si l’on observe une diminution régulière du volume d'alcool consommé depuis 50 ans (11,7 litres d'alcool en moyenne par habitant en 2017, contre 26 litres en 1961), la consommation d'alcool par habitant ne baisse plus depuis 2013. Elle reste encore bien trop ancrée dans les pratiques culturelles françaises, avec 86,5 % des 18-75 ans déclarant avoir bu de l'alcool au cours de l’année précédente, un chiffre qui les expose à des risques pour leur santé.
Quels sont les risques de la consommation d’alcool ?
Chaque année, 41 000 décès sont attribuables à l’alcool en France, dont 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes. En effet, sur le long terme, l’abus d’alcool augmente les risques de :
- Cancers : bouche, pharynx, larynx, œsophage, foie, sein, côlon et/ou rectum ;
- Maladies cardiovasculaires : hypertension artérielle, angine de poitrine, myocardiopathie alcoolique, arythmie cardiaque, AVC ;
- Maladies du foie et du tube digestif : stéatose, hépatite aiguë, gastrite, pancréatite ;
- Troubles neurologiques : troubles cognitifs, épilepsie, syndrome de Korsakoff, polynévrite ;
- Troubles psychiques : anxiété, dépression ;
- Troubles métaboliques : hypoglycémie, hypercholestérolémie, goutte, dénutrition, ostéoporose.
L’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabac. Contrairement à ce qui a longtemps été prétendu, il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque. Le seul seuil qui permet de limiter totalement les risques entraînés par l’alcool est une abstinence totale. Par exemple, il existe une augmentation du risque de cancer dès une consommation moyenne d’un verre d'alcool par jour.
À partir de quand devient-on alcoolique ?
L’alcoolodépendance, ou alcoolisme, désigne l’addiction physique et psychique à l’alcool. Elle survient lorsque la consommation d’alcool est excessive et répétée, et qu’il est difficile de l’arrêter malgré ses conséquences sur la santé, la vie sociale et la vie quotidienne. Elle se caractérise par :
- Un besoin de consommer de plus grosses quantité d’alcool pour en ressentir ses effets ;
- Une perte de contrôle face à l’alcool, une incapacité à limiter sa consommation ;
- Une persistance de la consommation malgré ses conséquences visibles ;
- Un désir constant de boire de l’alcool ;
- Une influence de la consommation d’alcool sur la vie sociale, sur le travail et sur les activités du quotidien ;
- Des symptômes de sevrage dès que la consommation d’alcool diminue.
Notez qu’il n’y a pas besoin de consommer beaucoup d’alcool pour y être dépendant(e).
Alcoolisme : se faire aider
En cas d'alcoolodépendance, vous pouvez trouver du soutien auprès de professionnels de santé, des associations de patients ou de vos proches pour commencer un sevrage à long terme. Le sevrage constitue une étape cruciale dans la dépendance à l’alcool. Cette phase ne peut être évitée, car il est difficile voire dangereux d’arrêter l’alcool d’un seul coup lorsque l’on est dépendant. L'objectif de cette démarche est de contrôler et prévenir les symptômes liés au manque d'alcool, tout en amorçant une nouvelle vie sans cette substance. Cesser de boire implique un changement de mode de vie.
Pour démarrer ce processus, il faut prendre conscience de votre dépendance à l'alcool et accepter de vous faire aider. L'arrêt de l'alcool nécessite un soutien sur le long terme. Il peut être coordonné par un(e) addictologue, spécialiste de la dépendance physique et psychologique à une substance ou à un comportement. Le lieu du sevrage de l'alcool peut être choisi entre l'hôpital et le domicile. Dans les deux cas, le sevrage implique une hydratation adéquate, la prise de vitamines B1 et B6, ainsi qu'un traitement par benzodiazépines sur une courte période, généralement une semaine.
En outre, si vous présentez des maladies associées à la consommation excessive d’alcool, un bilan médical complet est nécessaire. Les troubles et pathologies identifiés durant ce bilan seront pris en compte dans le traitement à mettre en place.
Dans 80 à 95 % des cas, les personnes dépendantes à l'alcool le sont également au tabac. Si c’est votre cas, vous serez également accompagné(e) pour arrêter de fumer.
Gérer l’après
Suite à votre sevrage, vous devez vous réadapter à une vie sans alcool. Cette phase du traitement est capitale, car elle doit prévenir toute rechute. Il est crucial de bénéficier d'un accompagnement médical, psychologique et social sur le long terme. Si la dépendance persiste après la phase de sevrage, des médicaments peuvent être prescrits pour vous aider. Ils agissent au niveau du cerveau pour décourager la consommation d’alcool. Parmi ces traitements, on retrouve le disulfirame et l’acamprosate.
Si vous vous sentez seul(e) dans cette période charnière pour votre santé, n’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches et à l’équipe médicale qui vous suit pour votre addiction. Vous pouvez également vous rapprocher des groupes de parole ou des associations d'entraide à l'alcoolodépendance.
Recommandations pour une consommation responsable
Les recommandations actuelles du ministère de la Santé et de la Prévention pour une consommation à faible risque sont les suivantes :
- Ne dépassez pas 10 verres standards par semaine, sans dépasser 2 verres par jour ;
- Évitez les épisodes de consommation excessive ;
- Ne consommez pas d'alcool tous les jours.
De manière générale, il est conseillé de :
- Réduire la quantité d’alcool que vous buvez ;
- Boire lentement, en mangeant et vous hydratant avec de l’eau ;
- Vous assurer d’être entouré(e) de personnes de confiance lorsque vous buvez.
Cela va de soi mais on ne le répète jamais assez : il est déconseillé de boire avant de conduire (alcoolémie maximum à 0,5g/l de sang ou à 0,2 g/l pour les détenteurs d'un permis de moins de deux ans), de manipuler des outils ou des machines, de faire du sport à haut risque, de prendre des médicaments ou en cas de pathologies spécifiques. Enfin, la consommation d’alcool est fortement déconseillée pendant la grossesse et l’allaitement.
L’info en plus
Vous souhaitez évaluer votre consommation d’alcool ? Rendez-vous sur L’alcoomètre pour savoir où vous vous situez en la matière par rapport aux personnes de votre âge. Si vous suspectez une dépendance à l’alcool, vous pouvez également répondre au questionnaire AUDIT.