Démystifier les régimes : pourquoi ils ne fonctionnent pas

Les magazines féminins, les émissions télévisées, les publicités placardées sur votre trajet quotidien sont unanimes : il faut que vous testiez ce nouveau régime qui serait, selon eux, la diète miracle pour perdre du poids. Pourtant, plusieurs décennies se sont écoulées depuis l’apparition des régimes hypocaloriques, hyperprotéinés ou à base de substituts de repas, et le surpoids ne recule pas. Alors, les régimes : solution miracle ou poudre aux yeux ?

Le régime amaigrissant : qu’est-ce que c’est ?

Il ne faut pas confondre régime alimentaire et régime amaigrissant. Le premier désigne la façon de s’alimenter. Un régime alimentaire peut correspondre à un pays, à un mode d’alimentation spécifique tel que le végétarisme… À la base, il ne s’applique pas à la perte de poids.

Les régimes amaigrissants, quant à eux, désignent la mise en place de différentes restrictions visant à perdre du poids. Ces restrictions peuvent s’appliquer aux nombre de calories ingérées (on parle alors de régime hypocalorique), à un groupe d’aliments (régime pauvre en graisse, pauvre en glucides), au nombre de repas pris dans la journée, etc.

À noter : il est bon de rappeler que certains modes d’alimentation qui n’ont pas, à l’origine, vocation de faire perdre du poids, sont parfois employés à cet effet. Le végétarisme, par exemple, est à la base un choix éthique qui est parfois détourné en un énième régime amaigrissant. La diète cétogène (riche en lipides et pauvre en glucides) a été conçue pour les épilepsies pharmaco-résistantes avant d’être, elle aussi, détournée en solution contre les kilos superflus.

Pourquoi les régimes ne fonctionnent pas ?

En tout état de cause un grand nombre d'idées reçues autour de la perte de poids persistent. L'efficacité des régimes amincissants en fait partie. Malgré tout ce que vous avez pu entendre, les régimes amaigrissants ne fonctionnent pas, du moins pas sur le long terme. Certains régimes entraînent une perte de poids impressionnante, mais les chiffres ne trompent pas : 80% des personnes ayant suivi un régime amaigrissant reprennent le poids perdu dans l’année qui suit la diète, et ce chiffre monte à 95% après 5 ans. Cet échec n’est pas une « question de volonté » ; il a pour origine différentes raisons physiologiques et psychologiques.

Les raisons physiologiques

Parmi les raisons physiologiques qui font échouer les régimes, on compte :

• Le déséquilibre énergétique et métabolique : Les régimes restrictifs créent, de prime abord, un déficit calorique (consommer moins de calories que ce que le corps dépense). Ce déficit est souvent trop important, ce qui peut entraîner une perte de masse musculaire. À long terme, cela peut ralentir le métabolisme. Votre métabolisme de base, c'est-à-dire la quantité de calories dont votre corps a besoin pour simplement fonctionner, va baisser, rendant la perte de poids encore plus difficile. Le corps va donc plus facilement prendre du poids par la suite, entraînant le célèbre effet yo-yo.
  
  
• La modification de la faim et de la satiété : Puisque l’organisme baisse son métabolisme et puise dans les muscles, il passe en mode « régime » (le fameux mode « famine »), et il va tout faire pour vous inciter à manger. Vous aurez faim plus souvent et vous sentirez moins la satiété. Ce couple infernal sera à l’origine de frustration, et donc d’une reprise de poids à l’issue de la diète.
  
  
• Le manque de personnalisation des régimes : Les régimes amaigrissants sont souvent standardisés et ne tiennent pas compte de vos besoins nutritionnels individuels. Vous avez des besoins spécifiques en fonction de votre métabolisme, de votre état de santé, et de vos préférences alimentaires. Les régimes amaigrissants classiques ne peuvent pas répondre à ces besoins, ce qui les rend inefficaces pour une perte de poids durable.
  
  

Les raisons psychologiques

Aux raisons physiologiques s’ajoutent des facteurs psychologiques qui font échouer les régimes :

• La frustration et le stress : Les régimes restrictifs sont souvent synonymes de privation et de frustration. Ils imposent des restrictions sévères sur certains aliments ou groupes d'aliments, ce qui peut entraîner une obsession pour la nourriture, et donc à des comportements alimentaires désordonnés et à des épisodes de suralimentation, annulant ainsi les effets du régime. Plus on se restreint, plus on a de chance de faire échouer sa diète.
  
  
• Les « kilos émotionnels » : Trop peu de régimes prennent en compte les aspects émotionnels de l'alimentation. Beaucoup de personnes mangent en réponse à des émotions telles que le stress, l'ennui ou la tristesse. Sans aborder ces aspects psychologiques, les régimes ne peuvent pas résoudre les causes sous-jacentes de la suralimentation, ce qui rend la perte de poids difficile à maintenir. Cela va même plus loin, au point où certaines personnes ou professionnels parlent de « manque de volonté » au lieu de se pencher sur les causes profondes du surpoids et de l’obésité.
  
  
• L'intention du régime : Cette raison rejoint les deux autres. En se focalisant sur la volonté d’être plus mince, on vit moins bien son nouveau régime alimentaire restrictif. Ce n'est pas le cas lorsque la restriction trouve son origine dans une conviction ou une pathologie à gérer.

Des restrictions qui ne sont pas sans conséquences sur la santé

Non seulement les régimes amaigrissants ne fonctionnent pas sur le long terme, avec un abandon de régime ou la reprise du poids perdu, mais ils entraînent des conséquences néfastes sur l’organisme. Affaiblissement général, perte de la masse musculaire et perte du capital osseux sont autant de raisons de se tenir éloigné des régimes.

L’équilibre psychologique n’est pas non plus épargné. L’échec d’un régime peut entraîner une perte de l’estime de soi renforcée par le discours ambiant autour du « manque de volonté ». Une autre conséquence, plus grave encore, est le développement de troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie, pour ne citer qu’eux.

Enfin, l’isolement social qui accompagne certains régimes n’est pas à négliger. Partager un repas fait partie des nombreuses façons de passer un moment convivial avec ses proches. La restriction alimentaire stricte peut vous faire redouter le restaurant ou les repas de famille, et vous isoler de plus en plus de vos proches.

Mais alors, que faire ? Les alternatives au régime

Vous l’avez compris, pour une perte de poids durable, il est préférable d’abandonner les régimes trop restrictifs. Alors, que faire à la place ?

Optez pour une alimentation équilibrée et personnalisée

Adopter une alimentation équilibrée qui répond à vos besoins nutritionnels individuels est la clé pour mincir et rester en bonne santé. Cela implique de consommer une variété d'aliments riches en nutriments, d’augmenter sa consommation de fruits, de légumes, de protéines maigres, de céréales complètes et des graisses insaturées.

Intéressez-vous à l’alimentation

La lecture des étiquettes nutritionnelles, la planification des repas et la compréhension de vos besoins caloriques individuels permettent tout naturellement de donner à votre organisme ce dont il a besoin. En apprenant ce qui est bon pour vous et ce qui permet à votre corps de fonctionner de façon optimale, il sera de plus en plus facile de faire les bons choix en matière de nutrition.

Réapprenez à écouter votre corps

Une approche anti-régime prône une relation saine et intuitive avec la nourriture, sans restrictions sévères. À force de faire régime sur régime, les sensations de faim et de satiété peuvent s’amenuiser, vous menant à manger plus que ce dont votre corps a besoin. Les personnes qui mangent uniquement si elles ont faim et s’arrêtent une fois rassasiées ont moins de risque d’être en surpoids ou obèses. Ainsi, il faut réapprendre à donner à son corps ce qu’il réclame, manger en pleine conscience et apprécier les aliments sans culpabilité. Et ça veut parfois dire… manger plus !

Intégrez l’activité physique à votre quotidien

Une activité physique régulière est un élément clé pour la perte de poids et le maintien d'un poids sain. L'exercice aide à brûler des calories, à améliorer la santé cardiovasculaire et à augmenter la masse musculaire, ce qui peut stimuler le métabolisme. Pas besoin de devenir un sportif de haut niveau ; il suffit d’intégrer du mouvement dans votre vie de tous les jours.

Gérez votre stress et vos émotions

Si vous observez que vous « mangez vos émotions », il est inutile de mettre en place des stratégies de perte de poids sans régler le problème à la source de cette habitude. Dans un tel cas, la guérison peut être longue, et il est préférable de vous tourner vers un psychologue ou un diététicien spécialisé dans les troubles alimentaires pour vous en sortir. De manière générale, apprendre à gérer son stress et ses émotions est bénéfique pour le poids. Cette gestion peut passer par des techniques de relaxation (méditation, respiration guidée, sports doux, etc.), et par la pratique de vos activités préférées. Vous pouvez également tester certains compléments alimentaires qui favorisent la détente et qui peuvent aider votre organisme à mieux s’adapter aux périodes de stress.

Faites-vous accompagner par des professionnels

Travailler avec des professionnels de la santé, tels que des diététiciens, des nutritionnistes ou des psychologues, peut fournir un soutien personnalisé et des conseils adaptés. Un suivi régulier permet de faire des ajustements nécessaires et de rester motivé tout au long du processus de perte de poids.


Sources :

• L'illusion perdue des régimes amaigrissants - anses.fr
• Les régimes sont inefficaces : voici pourquoi - sciencesetavenir.fr
• Écouter sa faim peut aider à être mince - inserm.fr