Mieux comprendre les troubles musculo-squelettiques
Crac, clic, tac, clac, clap, ploc, cloc… gémissent vos articulations lorsque vous les sollicitez. Aïe ! Ouïe ! Aah ! C’est peut-être là l’expression d’un trouble musculo-squelettique. Derrière cette appellation obscure, se cache une réalité bien connue de nos sociétés. Décryptage d’un phénomène en forme de point d’interrogation majeur.
Définition préliminaire des troubles musculo-squelettiques
Par troubles musculo-squelettiques ou TMS, la médecine fait référence à l’ensemble des maux d’origine biomécanique qui touchent aux membres articulés supérieurs et inférieurs de notre corps, notamment : nos poignets, coudes, nuque, épaules, hanches, genoux et chevilles, ainsi que notre dos. Du fait de les solliciter fortement dans le cadre de nos activités quotidiennes et professionnelles, il arrive souvent que nous les traumatisions. Peu connue de la plupart d’entre nous, l’appellation devrait bientôt se faire jour à en juger par la proportion grandissante (+ 18 % an par an) des patients recensés depuis 10 ans.
Les troubles musculo-squelettiques : un fléau social d’envergure
Plus de 7 salariés sur 10 reconnaissent être victimes de douleurs associées aux TMS. La sphère professionnelle est donc la plus exposée à ce risque. Si bien qu’aujourd’hui, la problématique constitue l’une des principales préoccupations des autorités en charge de la santé au travail. D’après une étude réalisée par le Fonds National de Prévention, il s’avère que les TMS représentent plus de 90% des maladies professionnelles et sont responsables de plus de 8 millions d’arrêts de travail par an. Et pour cause, l’augmentation du stress, de la cadence de travail et de la répétition mécanique de certains gestes par spécialisation sont aux sources de la question.
Pour parer à ce fléau d’envergure, qui en sus d’impacter la santé publique affecte l’économie interne des entreprises dont l’activité se voit bouleversée par les différents motifs d’arrêt (absentéisme, turnover, rendement réduit…) que ce dernier sait engendrer, le ministère du Travail a pris le parti de lancer des mesures préventives via des actions de formation et de sensibilisation auprès des entreprises.
Travail et solutions pratiques face aux TMS
Lorsque l'on commence à souffrir de troubles musculo-squelettiques et que cela impacte notre travail, il devient nécessaire de respecter quelques règles essentielles, voire d'adapter son poste de travail en fonction du degré des troubles. Dans tous les cas voici nos recommandations :
- Privilégier la rotation ou la polyvalence au travail pour limiter la répétition des mêmes gestes.
- Favoriser le travail en équipe qui brise la monotonie et le stress en répartissant l’effort sur le collectif.
- Dégager des moyens nécessaires à la révision de l’ergonomie des postes de travail.
Quand les corps et les esprits s’échauffent
La sonnette d’alarme devrait intervenir bien avant que le voyant ne s’allume rouge, à travers une attention portée à votre bien-être tout au long de la journée. Vous mettre dans une situation de confort mental et physique est la première des clefs qui vous permettra de préserver pendant longtemps votre santé en évitant de souffrir des articulations. N’oubliez jamais que votre corps est en lien direct avec votre esprit et réagit aux signaux que celui-ci lui transmet.
Lorsque l’on ressent du stress au travail, il va de soi que nous avons tendance à faire l’impasse sur notre santé. En conséquence, notre organisme, contracté ou affublé d’un excès de poids favorable au développement de l’arthrose, se met à extérioriser son mal-être. Au début, les douleurs ressenties peuvent être ponctuelles, se traduire par une gêne passagère, puis elles vont évoluer, s’installer dans le temps, se répéter et possiblement faire corps avec un handicap sérieux voire une invalidité physique.
Considérant le risque encouru, il ne faudra jamais négliger d’aller consulter un spécialiste à l’apparition de douleurs irradiantes, notamment si vous effectuez des tâches mobilisant exclusivement l’un de vos membres et constatez chez vous une difficulté croissante à effectuer certains gestes ou à adopter certaines postures.
Cartographie des principaux maux
Le fameux mal de dos
Parmi les principales douleurs recensées, celles se déclarant au niveau du dos (50% des cas) connaissent une origine motivée par l’adoption d’une mauvaise posture au travail. Si vous travaillez en position essentiellement assise, il est indispensable que vous disposiez d’une chaise confortable vous procurant un support lombaire optimal. Autre nécessité, qui vaut également si vous fréquentez un tabouret : veillez à garder votre dos droit en enracinant vos pieds, bien à plat, dans le sol et en rapprochant un maximum votre buste de votre outil de travail. Évitez de croiser les jambes pour ne pas couper la circulation sanguine et traumatiser vos genoux. Des supports ergonomiques tels que des cales dorsales ou des repose-pieds ajustables sont disponibles à la vente et peuvent constituer une aide dans l’adoption de ces bonnes pratiques.
En station debout, et si vous exercez dans la manutention ou le montage surtout, vous devrez essayer de considérer votre dos comme une planche à garder bien rigide pour ne pas la casser. Vous veillerez à vous baisser le dos droit en jouant sur vos cuisses (membre le plus puissant du corps) et fessiers et à remonter toute charge en évitant de vous cambrer
Douleur à l'épaule et/ou à la nuque
Devant un écran d’ordinateur – portable en particulier – ou dans le cas d’activités motivant un mouvement de flexion/extension continuel, la nuque et les épaules sont fortement sollicités. En tapant sur votre clavier, vous effectuez un geste qui part de vos doigts et se prolonge vers votre épaule et votre nuque. Ces actions répétitives et le maintien de la même position pendant plusieurs heures peuvent occasionner des raideurs musculaires sources de douleurs cervicales, de vertiges ou de maux de tête.
Pour les éviter, il est recommandé de prendre des pauses pour s’étirer doucement, de pratiquer de l’exercice durant son temps libre, de bien dormir et de limiter les positions fléchies voire affalées ou en torsion. Si les douleurs persistent, le médecin pourra vous prescrire sur consultation des analgésiques ciblés ou un repos.
Tension au niveau du poignet
Depuis la démocratisation des supports informatiques et tactiles, la région du canal carpien est devenue l’un des enjeux majeurs de consultation associé à la catégorie des troubles musculo-squelettiques liés au travail (TMSLT). Le fait de pianoter sur un téléphone portable à fréquence répétée par exemple constitue un facteur de risque dans le développement de l’arthrose des poignets, de même que la concentration d’un effort sur le talon de la main.
Généralement, l’affection se signale par une sensation de fourmillement. En présence de fortes douleurs, il est vivement conseillé de mettre votre main au repos plusieurs jours, porter une attelle la nuit, adopter une souris munie d’un repose-poignet et limiter l’utilisation de la roulette de défilement, Autre recommandations : tapoter sans le marteler votre clavier ou encore maintenir vos mains parallèles à votre poste de travail formeront des solutions efficaces à l’évitement de l’opération.
Genou qui craque
C’est le syndrome des athlètes résultant la plupart du temps d’un désalignement du genou lorsque l’articulation a été sur-utilisée, notamment sous l’action des flexions/extensions. Mal soignée, une inflammation du genou peut s’installer dans la durée. Les bruits de craquement devront vous alerter et donner lieu à l’aménagement d’un régime en cas de surpoids, au port de genouillères lors des tâches en appui sur les genoux, d’orthèses plantaires pour corriger les affaissements et d’un matériel adapté au sport pratiqué (bâtons de marche, chaussures renforcées).
Pour conclure, nous n'avons qu'un seul bon conseil à vous donner : préservez votre squelette, telle est la clef qui vous aidera à vous faire de vieux os !