Bruxisme : combattez-le dent pour dent !
Vous grincez des dents de façon importante de jour comme de nuit, l’émail de vos dents s’use et votre mâchoire est douloureuse ? C’est ce qu’on appelle le bruxisme. Ce mouvement inconscient des maxillaires plus ou moins prononcé entraîne des conséquences pour la santé. Voici trois façons d’agir.
Quelles sont les causes du bruxisme ?
Les causes du bruxisme sont souvent liées au stress et à l’anxiété. On se crispe, on serre les mâchoires et on grince des dents presque inconsciemment. C’est souvent chez le dentiste que l’on se rend pour évoquer le problème. Si ce dernier peut y remédier, il est souvent nécessaire d’apprendre à gérer son stress et de consulter des thérapeutes spécialisés pour traiter ce trouble de façon plus globale.
D’autres raisons peuvent entraîner un grincement des dents chronique : trouble de l’occlusion dentaire, prise de certains antidépresseurs, prise de stupéfiants, traumatisme cervical, anesthésies générales à répétition, déglutition atypique ou infraclusion organique (absence de contact entre les dents supérieures et inférieures). En outre, la consommation excessive d’excitants comme le café, le thé et les boissons énergisantes peut aussi aggraver ce trouble.
Quels sont les différents types de bruxisme ?
Qu’il soit primaire ou secondaire (associé à des problèmes d’ordre psychologique, neurologique ou pharmacologique), le bruxisme se manifeste de plusieurs façons différentes :
- Le bruxisme centré : il s’agit d’un serrement dentaire sans mouvement latéral. Il entraîne des douleurs musculaires dans les mandibules et des maux de têtes chroniques. Ces céphalées s’accompagnent généralement de douleurs à la nuque ou en chape de plomb sur les épaules, ainsi que de nausées et de sensations de perte d’équilibre.
- Le bruxisme excentré : il se manifeste par des micro-mouvements latéraux de la mâchoire. Ce type de bruxisme est répandu et physiologique dans l’enfance, car il permet l’usure des dents de lait. Il présente un peu moins de risque que son homologue centré, car il entraîne une pression moindre sur le desmodonte (le tissu conjonctif entourant la racine des dents).
- Le bruxisme diurne : il entraîne un serrage de la mâchoire et un grincement de dents pendant les heures d’éveil. Son incidence est plus minime que celles du bruxisme nocturne, car il est contrôlable.
- Le bruxisme nocturne : il allie le bruxisme centré et le bruxisme excentré et se manifeste pendant le sommeil. Ces mouvements involontaires de la mâchoire sont associés à des périodes d’activité musculaire masticatoire nocturnes.
Qu’il soit diurne ou nocturne, le bruxisme peut être centré, excentré, osciller entre les deux ou les combiner. Dans tous les cas, il peut être source d’inconforts, de tensions et de pathologies diverses qui peuvent s’aggraver avec le temps.
Comment reconnaître le bruxisme ?
Si le bruxisme diurne est simple à identifier, il est parfois plus difficile de reconnaître le bruxisme nocturne. En effet, ses conséquences se manifestent généralement sur le long terme.
Les premières lésions dentaires dues au bruxisme peuvent être remarquées lors d’une visite de routine chez le dentiste. Ce dernier pourra observer des dents inhabituellement usées, par exemple. D’autres maux comme une nuque raide ou des maux de têtes chroniques peuvent laisser penser à un bruxisme nocturne, notamment s’ils sont associés à des douleurs ou des claquements de la mâchoire.
Cependant, c’est généralement la ou les personnes qui habitent avec le patient qui donnent les premiers signes d’alerte : le bruxisme nocturne est assez bruyant, allant jusqu’à perturber le sommeil d’un conjoint. Certains évoquent des bruits similaires à ceux d’une scie, ou d’un crissement.
Quelles sont les conséquences du bruxisme ?
Les conséquences du bruxisme sont multiples. Il peut entraîner des problèmes variés :
- Claquements à l'ouverture de la bouche ;
- Blocages possibles de la bouche ;
- Usure des dents qui peuvent aller jusqu’à une abrasion dentaire sévère ;
- Usure ou fracture des prothèses dentaires ;
- Problèmes parodontaux comme l’hypersensibilité dentaire, la perte de tissus dentaires ou des dégâts gingivaux ;
- Troubles du sommeil ;
- Douleurs vertébrales ou raideurs musculaires ;
- Perturbation du contrôle postural…
Comment soulager le bruxisme ?
Les conséquences du bruxisme peuvent être anticipées ou réduites grâce à l’intervention de professionnels de santé comme le dentiste, l’ostéopathe ou le posturologue.
Que fait le dentiste ?
Le dentiste est au premier plan dans le traitement du bruxisme. Il peut limer certaines dents afin de rééquilibrer la mâchoire et lui permettre de se fermer correctement. Souvent, il propose de confectionner une gouttière en acrylique qui empêche le contact entre les dents du haut et celles du bas (gouttière occlusale) ou entre les seules incisives (système NTI-tss). Portée la nuit ou le jour selon les besoins, elle limite la détérioration des dents et relâche les muscles de la mâchoire.
Que fait l’ostéopathe ?
Face à un patient qui dort mal, se plaint de maux de tête, notamment au réveil, de craquements dans la mâchoire, d’une raideur de la face ou même des cervicales, et a fortiori s’il observe une usure dentaire, l’ostéopathe va agir sur l’équilibre des muscles (langue, muscles et nerfs environnants) qui soutiennent l’arcade dentaire. Son objectif : réduire les tensions pour permettre la position de repos de la mâchoire inférieure. Il peut travailler en complément du dentiste pour une action plus globale.
Que fait le posturologue ?
Le posturologue agit en étudiant le système qui gère notre verticalité. En effet, le bruxisme est une parafonction manducatrice qui se manifeste le jour, mais fréquemment la nuit quand nos pieds ne sont plus posés par terre, par serrement des dents ou par des mouvements latéraux (grincements). Un pied « instable » est souvent recherché par le posturologue et le port de semelles peut suffire dans certains cas à relâcher la mâchoire.
Combien ça coûte ?
Chez le dentiste, la gouttière coûte entre 100€ et 500€ en moyenne. Elle est partiellement ou totalement prise en charge par l’Assurance Maladie. Le remboursement du prix de la gouttière occlusale est de 70% du tarif de convention de 172,80 €, soit 120,96 €. Certaines mutuelles complètent la somme pour une prise en charge totale. Il faudra ensuite renouveler la gouttière après 1 à 3 ans selon son usure.
Chez l’ostéopathe, la séance de 40mn à 1h coûte entre 50€ et 100€ et chez le posturologue, le bilan postural oscille entre 50€ et 150€. De nombreuses mutuelles proposent aujourd’hui un forfait « médecines douces » compris entre 100€ et 200€/an qui permet le remboursement de tout ou partie des séances d’ostéo ou de posturo.
Botox pour bruxisme : Bonne ou mauvaise idée ?
L'injection de botox est de plus en plus utilisée pour traiter le bruxisme. Lorsque la toxine botulique est injectée dans les muscles de la mâchoire, elle bloque les signaux nerveux qui provoquent les contractions musculaires. Ainsi, le serrement des dents est réduit.
L'injection de botox est réalisée en une seule séance ; la procédure est rapide et peu douloureuse, mais les résultats n’apparaissent que quelques jours plus tard, et ses effets ne durent que trois à quatre mois. Le botox est efficace pour réduire les symptômes du bruxisme chez certains patients, mais il ne traite pas sa cause et son injection doit être renouvelée dès que ses effets s’estompent. En moyenne, le coût de l'injection de botox se situe entre 300 et 600 euros par séance, ce qui nécessite un budget conséquent. Cette injection n’est pas remboursée par l’Assurance Maladie.
En outre, on ignore encore quels sont les risques de cette méthode sur le long terme. Il a déjà été observé que le botox peut affaiblir les muscles de la mâchoire, et donc la capacité à mâcher et à parler aisément. Dans tous les cas, nous vous recommandons d’en parler avant-tout à votre médecin.
Comment prévenir le bruxisme ?
Si votre grincement de dents est causé par le stress et l’anxiété, il n’est pas facile de le faire disparaître. Le corps se décharge de cette façon pendant la nuit pour une bonne raison : parce qu’il n’a pas pu faire autrement ! En premier lieu, parlez-en à votre médecin pour qu’il puisse, si besoin, vous rediriger vers un psychiatre ou un psychologue. Des troubles psychologiques sont la principale cause de bruxisme ; consulter un professionnel de la santé mentale peut être bénéfique et réduire grandement vos grincements de dents.
En outre, vous pouvez mettre en place quelques mesures simples qui pourront vous aider à vous relaxer et/ou à mieux gérer le stress :
- Détendez-vous grâce à des massages, notamment au niveau de la mâchoire ;
- Limitez les excitants comme le café, les sodas, et l’alcool ;
- Essayez la phytothérapie et les bienfaits relaxants de l'aromathérapie : la lavande, le petit grain bigaradier, la mandarine… Du côté des plantes, faites la part belle aux plantes adaptogènes telles que l'Ashwagandha et la Rhodiole qui aident votre organisme à mieux affronter le stress ;
- Pratiquez la relaxation ou la méditation ;
- Privilégiez des sports doux comme le yoga ou le qi gong ;
- Écrivez quotidiennement dans un journal pour vider votre esprit ;
- Lisez ou écoutez de la musique relaxante avant le coucher.
De manière générale, pratiquez des activités que vous affectionnez : sortir avec des amis, cuisiner son plat préféré, se promener, peindre, pratiquer un sport ou jouer de la musique… L’ensemble de ces activités vous permettront de vous détendre plus facilement, de combattre le stress, et donc de prévenir le bruxisme.
L’info en plus
Une étude publiée le 7 février 2024 dans le Journal of Attention Disorders a observé une prévalence accrue du bruxisme chez les enfants atteints d’un Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Les enfants TDAH participant à l’étude étaient 40% à présenter un grincement de dents nocturne contre 7% pour le groupe de contrôle. Est-ce le trouble qui entraîne le bruxisme, ou un stress accru lié au TDAH ? Difficile de le savoir, mais cette étude pourrait être intéressante pour prévenir les conséquences du grincement de dents chez les enfants à risque.