Santé sexuelle : ce qui change à la rentrée 2024

Alors que les Français reprennent le chemin du travail et de l’école, de nouvelles mesures et initiatives entrent en vigueur. Elles visent à améliorer l'accès aux soins, la prévention et l'éducation en matière de santé sexuelle. De l'élargissement de la gratuité du dépistage à de nouvelles campagnes de sensibilisation chez les jeunes, cette rentrée s'annonce riche en mesures pour notre bien-être sexuel.

L’usage du préservatif en baisse chez les jeunes

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur la diminution de l'utilisation des préservatifs chez les jeunes Européens, les exposant ainsi à des infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées.

Entre 2014 et 2022, l'utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel est passée :

• De 70% à 61% chez les garçons ;
• De 63% à 57% chez les filles.

Environ un tiers des jeunes n'utilisent ni préservatif ni pilule contraceptive lors de leurs rapports sexuels. Ces chiffres en baisse justifie les grandes mesures prises à partir de janvier 2023 en matière de santé sexuelle, mais le chemin est encore long.

C'est pourquoi l'OMS pointe désormais du doigt le manque d'éducation sexuelle adaptée dans de nombreux pays, parfois attaquée sous prétexte qu'elle encouragerait les comportements sexuels dès le plus jeune âge. Cette situation entraîne une hausse des IST et des grossesses non désirées, et une augmentation des coûts de santé. Elle souligne également une disparité socio-économique : 33% des adolescents issus de familles peu aisées n'utilisent ni préservatif ni pilule, contre 25% pour ceux de familles plus aisées.

L’OMS tire donc la sonnette d’alarme pour une meilleure éducation et un meilleur accès au préservatif. Pour rappel, en France, les préservatifs masculins des marques « Eden », « Sortez couverts ! », « Be Loved » et « Terpan », ainsi que les préservatifs féminins de marques « Ormelle » et « So sexy & smile » peuvent être pris en charge par l'Assurance Maladie sans prescription médicale pour tous les -26 ans.

Un nouveau programme d’éducation à la sexualité à l’école

Pour permettre aux jeunes d’être mieux informés et de faire les meilleurs choix pour leur sexualité, un nouveau projet d'éducation à la sexualité est prévu pour la rentrée scolaire 2024. Il couvre tous les niveaux scolaires, de la maternelle au lycée. Le programme aborde la vie affective, relationnelle et sexuelle de manière progressive.

Le projet vise à offrir une vision positive de la sexualité, incluant la notion de plaisir, tout en abordant les questions de santé et de prévention. Il se divise en deux étapes :

• Éducation à la vie affective et relationnelle de la maternelle au CE2 ;
• Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité du CM1 à la terminale.

Il a été élaboré par le Conseil supérieur des programmes sur une période de six mois. De nombreuses consultations ont été menées, incluant des associations religieuses, de protection de l'enfance, et de défense des droits LGBTQ+.

Ce nouveau programme vise à lutter contre les inégalités et à s'adapter à certains enjeux comme le consentement et la lutte contre les discriminations. Il cherche à combler les lacunes dans l'application de la loi de 2001 sur l'éducation sexuelle, qui n'est que partiellement mise en œuvre actuellement.

Le dépistage de 4 IST sans ordonnance

À partir du 1er septembre 2024, il sera possible de dépister quatre nouvelles infections sexuellement transmissibles (IST) sans ordonnance dans les laboratoires d'analyse de biologie médicale. Ces quatre infections sont :

• La gonorrhée ;
• La chlamydiose ;
• La syphilis ;
• L'hépatite B.

Ce dépistage sera entièrement pris en charge et sans avance de frais pour les personnes de moins de 26 ans. Auparavant, seul le dépistage du VIH était possible sans ordonnance en laboratoire, avec une prise en charge à 100% pour tous, sans limite d'âge.

Déroulement du dépistage

Le processus de dépistage se déroulera comme suit :

1. Vous remplissez un questionnaire à votre arrivée au laboratoire ;
2. Le biologiste médical vous oriente vers les tests les plus appropriés en fonction de vos réponses ;
3. Les résultats vous sont communiqués, avec des conseils et orientations adaptés selon que vous soyez positif ou négatif à l’un ou plusieurs des tests.

Cette initiative vise à faciliter l'accès au dépistage des IST et à améliorer la prévention en santé sexuelle.

La sexualité des Français en quelques chiffres

Contraception et grossesse

• Environ 92% des femmes en âge de procréer qui ne désirent pas de grossesse utilisent un moyen de contraception.
• La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé (36,5%), suivie du stérilet (25,6%).
• Il y a environ 222 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) par an.

Infections sexuellement transmissibles (IST)

• Entre 4 200 et 5 700 nouvelles infections par le VIH ont été diagnostiquées en 2022.
• En 2022, les cas de gonorrhée ont bondi de 48%, et de 16% pour ceux de chlamydia. La syphilis était en hausse de 34%.
  
  

Comportements sexuels

• L'âge médian du premier rapport sexuel est de 17,6 ans pour les hommes et 17,0 ans pour les femmes.
• En 2023, 43% des jeunes de 16 à 20 ans n’avaient jamais eu de relations sexuelles.
• 20,5% des femmes (soit un peu plus d’une femme sur cinq) déclarent avoir subi des attouchements sexuels, des rapports – ou tentatives de rapports – sexuels forcés. Le pourcentage est de 7,9% chez les hommes.

Éducation à la sexualité

• 89% des collèges et lycées déclarent mettre en place des actions d'éducation à la sexualité…
• … Mais seulement 11% respectent le nombre de séances annuelles recommandées.

Sources :

• Contraception et IVG − Femmes et hommes, l’égalité en question - Insee.fr
• Bulletin de santé publique VIH-IST. Novembre 2023 - santepubliquefrance.fr
• Les adolescents européens utilisent de moins en moins de préservatifs, alerte l’OMS - leparisien.fr
• Éducation à la sexualité : de l’école au lycée, que contient le programme qui vient d’être dévoilé ? - ouest-france.fr
• Dépistage des IST sans ordonnance en laboratoire de biologie médicale : 4 infections en plus du VIH - Vidal.fr