Les effets de la pandémie sur les habitudes alimentaires

33 Vues Posté sur: 27/12/2024
Par Cindy SCHOEPFF

La crise sanitaire liée au Covid-19 a bouleversé nos modes de vie, y compris nos habitudes alimentaires… Du moins, pendant un temps. En effet : Ces changements dans nos comportements alimentaires sont-ils temporaires ou s'inscrivent-ils dans la durée ? Quel est l’état de notre rapport à l’alimentation aujourd’hui ?


La pandémie : un impact significatif sur nos habitudes alimentaires

L’épidémie de Covid-19 a entraîné des modifications dans nos comportements alimentaires. Ces modifications concernaient à la fois le contenu de nos assiettes, mais aussi notre mode d’achat de tout ce qui nous y mettions.


Augmentation de la cuisine maison

L'un des changements les plus marquants a été l'augmentation significative de la cuisine maison. Selon l'IFOP, 37% des Français ont déclaré cuisiner des plats faits maison plus fréquemment qu'avant le confinement. Ce phénomène s'explique par plusieurs facteurs :

  • Plus de temps passé à la maison entre les différents confinements et les aménagements du télétravail ;
  • Les restaurants et les cantines d’entreprise étaient fermés. Beaucoup d’établissements n’ont rouvert qu’en partie, avec de la vente à emporter ;
  • Les Français ont été plus regardants sur la qualité et l’origine des produits.


Hausse du grignotage

Paradoxalement, la pandémie a également entraîné une augmentation du grignotage, particulièrement chez les femmes. Ce comportement peut être attribué à plusieurs facteurs :

  • Le stress et l'anxiété liés à la situation sanitaire ;
  • L'ennui dû au confinement et à l’absence de vie sociale normale ;
  • La proximité constante avec la cuisine en travaillant de la maison.

Beaucoup de Français ont constaté une prise de poids à l’issue de la pandémie, tant à cause de la sédentarité que du grignotage compulsif.

femme en surpoids tenant la graisse de son ventre entre les doigts


Changement dans les habitudes alimentaires

Selon une enquête de Santé Publique France, 27% des Français affirment avoir acheté davantage de fruits et légumes frais et de produits laitiers depuis le début de la pandémie. Cette évolution peut être attribuée à une prise de conscience de l'importance d'une alimentation saine pour renforcer le système immunitaire, mais aussi à une envie de soutenir les producteurs locaux face à la crise. Aussi, comme nous l’avons vu plus haut, beaucoup de Français ont décidé de cuisiner davantage.

Le changement le plus marquant a été l’explosion de la livraison de plats à domicile, surtout dans les villes, grâce à une plus grande offre, mais aussi à des entreprises telles que Uber Eats ou Deliveroo. Ces deux leaders du secteur ont vu leurs chiffres d’affaires respectifs augmenter à l’issue de la pandémie.


Ces changements sont-ils durables ?

La pérennité de ces nouvelles habitudes reste incertaine et on constate déjà depuis plusieurs années un retour aux anciennes routines. Ce phénomène s'explique par la force de l'habitude et la tendance naturelle à revenir à des comportements familiers une fois les contraintes levées.

Par ailleurs, nos comportements alimentaires sont profondément ancrés et difficiles à modifier durablement. Cette résistance au changement peut limiter la durabilité des nouvelles habitudes adoptées pendant la pandémie.

Enfin, certaines tendances observées pendant la pandémie, comme l'augmentation de la cuisine maison ou l'adoption de régimes locavores, se heurtent à des contraintes pratiques une fois le retour à la "normalité". On manque de temps lorsque l’on doit travailler en présentiel, et l’inflation croissante depuis la pandémie fait grimper les contraintes budgétaires.


Pas tous égaux face aux changements alimentaires

Des disparités significatives ont été observées entre différents groupes de population. Les femmes ont, par exemple, été plus nombreuses que les hommes à déclarer des changements dans leurs habitudes alimentaires. Elles ont notamment rapporté plus de grignotage, une augmentation de la consommation de produits sucrés, gras et salés, mais aussi (et paradoxalement), une plus grande implication dans l’élaboration des repas. L'impact disproportionné de la pandémie sur les femmes en termes de charge mentale et de responsabilités domestiques est certainement en cause.

Les modifications des habitudes alimentaires ont aussi principalement concerné les personnes actives, notamment en raison du télétravail, et donc de la réduction du temps de déplacement quotidien, mais aussi la fermeture des cantines d’entreprise. Les changements alimentaires ont donc été moins marqués chez les retraités et les personnes sans emploi, dont les routines ont été moins perturbées par la crise.

Enfin, la pandémie a également mis en lumière et parfois exacerbé les inégalités alimentaires existantes. Les personnes en situation de précarité ont souvent vu leur situation s'aggraver, avec un accès plus limité à une alimentation de qualité.


Habitudes alimentaires : quelles leçons tirer de la pandémie ?

Alors, quelles sont les habitudes qui semblent s’inscrire dans la durée ou qui pourraient nous être bénéfiques ? Si l’on a observé un véritable retour à la normale, certaines bonne habitudes ont pourtant perduré à leur manière, et peuvent toujours nous servir, même dans un monde post-pandémie.

femme qui cuisine à la maison


Tous cuisiniers ?

La crise sanitaire a mis en lumière l'importance d'une alimentation saine pour la santé ; cette prise de conscience pourrait se traduire par :

  • Une attention accrue à la qualité nutritionnelle des aliments consommés ;
  • Un intérêt croissant pour les aliments considérés comme bénéfiques pour le système immunitaire ;
  • Une réflexion plus poussée sur l'origine et le mode de production des aliments.

Le mariage entre produits locaux et nouvelles compétences culinaires pourrait avoir un effet durable sur l’alimentation des Français, avec une réduction de la dépendance aux plats préparés et à la restauration rapide.


Aliments locaux et commerce en ligne

Depuis la fin de la pandémie, on a observé :

  • L'essor du commerce en ligne pour l'alimentation, y compris pour les produits frais, et tout ce qui se rapporte à la livraison de denrées alimentaires ;
  • Un intérêt accru pour les circuits courts et les produits locaux, avec les magasins de producteurs et les paniers de légumes ;
  • Une demande croissante pour des aliments considérés comme plus sains ou plus naturels.

Ces évolutions pourraient continuer à influencer durablement le paysage de la distribution alimentaire et les habitudes des Français.


Sources :

Publié dans: Alimentation
Auteur: Cindy SCHOEPFF

Après l'obtention de son BTS Diététique en 2009, Cindy, notre diététicienne, se lance dans la profession. Elle affine sa pratique au fil des années au sein de divers organismes de santé diététique ainsi qu’en libéral pour finalement rejoindre les rangs de la Pharmacie du Centre à Colmar en 2021.

Passionnée par son métier et soucieuse d'offrir un accompagnement toujours plus complet à ses patients, elle enrichit constamment ses connaissances par le biais de formations spécialisées. Son parcours l'amène à se former en éducation thérapeutique du patient (ETP), lui permettant d'adopter une approche plus globale et personnalisée. Cindy se spécialise également dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire, un domaine qui lui tient particulièrement à cœur. Elle approfondit par ailleurs ses compétences en matière de troubles et pathologies digestives, d'allergies alimentaires, de dysfonctionnements thyroïdiens, ainsi que dans l'alimentation et la supplémentation du nourrisson à l'adolescent.

Cindy puise dans son expérience personnelle une profonde empathie et une compréhension pointilleuse des enjeux auxquels font face ses patients. Cette sensibilité, couplée à son savoir, lui permet d'offrir un accompagnement à la fois bienveillant et éclairé.

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