J’ai mal au ventre… Suis-je intolérant au gluten ?
« Gluten free », « Garanti sans gluten »… ces mots envahissent nos étals et beaucoup de Français ont décidé d’exclure le gluten de leur alimentation pour améliorer leur qualité de vie. Effet de mode ou réel problème ? Pour bien comprendre ce phénomène, il faut connaître la différence entre la maladie cœliaque, qui nécessite l’exclusion définitive de tout gluten, et la sensibilité au blé ou au gluten qui nécessite la restauration d’un écosystème digestif harmonieux.
Qu’est-ce que le gluten ?
Le terme gluten désigne une fraction de la protéine contenue dans certaines céréales. Son effet toxique est lié à la réaction immunologique anormale dirigée contre la muqueuse intestinale.
Où trouve-t-on du gluten ?
On trouve du gluten dans l’avoine, le blé et ses variétés (comme l’épeautre, le froment, le kamut), le malt issu du blé ou de l’orge, l’orge, le seigle, le son (enveloppe des céréales), le triticale (hybride issu du croisement entre le blé et le seigle). Les céréales qui n’en contiennent pas sont le maïs, le millet, le quinoa, le riz, le sarrasin, le sorgho et le tapioca. Châtaignes, pomme de terre et légumes secs en sont dépourvus, ce ne sont pas des céréales.
Il existe un moyen mnémotechnique simple pour retenir quelles sont les principales céréales qui contiennent du gluten : le SABOT. On dénote :
- S : Seigle ;
- A : Avoine ;
- B : Blé (froment, kamut, épeautre…) ;
- O : Orge ;
- T : Triticale (céréale issue du croisement du seigle et du blé).
La maladie cœliaque
La maladie cœliaque, encore appelée à tort « intolérance au gluten », est une maladie auto-immune due à l’effet toxique anormal du gluten qui entraîne une destruction des cellules de la paroi de l’intestin. Les signes peuvent être digestifs comme une diarrhée, des ballonnements, un amaigrissement, une mauvaise absorption des vitamines, des minéraux ou des protéines, une grande fatigue, des troubles gynécologiques comme une disparition des règles, une infertilité, des fausses couches, ou encore des troubles osseux.
Le diagnostic est confirmé par le dosage des anticorps spécifiques et la réalisation de prélèvements de tissus intestinaux (biopsies) lors d’une coloscopie. Ces examens sont indispensables pour confirmer le diagnostic de maladie cœliaque dont dépend la prise en charge et le suivi médical. Le régime est contraignant, car il consiste à exclure définitivement tout aliment contenant du gluten, seul moyen de restaurer la muqueuse intestinale et de revenir à une absorption digestive normale.
Non traitée, la maladie cœliaque peut entraîner diverses complications : maladies auto-immunes qui peuvent toucher tous les organes, augmentation du risque de cancer (en particulier de lymphome)... Ainsi, il est primordial de suivre un régime sans gluten très strict dans un tel cas. Le suivi médical doit se faire à vie.
L’intolérance au blé et au gluten
L’intolérance au gluten est tout autre. C’est une sensibilité au blé ou au gluten sans maladie cœliaque, une nouvelle entité qui commence à être bien étudiée. Elle se manifeste par des symptômes intestinaux ou extra-intestinaux qui diminuent ou disparaissent après le retrait du blé ou du gluten chez des personnes porteuses d’une muqueuse normale de l’intestin et un dosage normal des anticorps spécifiques de la maladie cœliaque. Attention, ces examens peuvent être faussés chez les personnes qui ont exclu le gluten de leur alimentation.
Cette sensibilité peut être source de réactions inflammatoires du tube digestif et donc être à l’origine du développement d’une résistance à l’insuline (mécanisme similaire au diabète de type 2) ou d’une prise de poids.
Depuis quelques années, les médecins observent une hausse du nombre de patients intolérants au gluten. Plusieurs hypothèses sont aujourd’hui avancées :
- « La théorie hygiéniste », qui pointe du doigt le manque d’exposition, depuis notre naissance, aux microbes et infections, pourtant nécessaires au développement de notre système immunitaire et de notre tolérance alimentaire ;
- La prise fréquente d’antibiotiques, car elle perturbe l’écosystème intestinal ;
- Une diversification alimentaire trop précoce dans la prime enfance qui ne tient pas compte de l’immaturité du système immunitaire ;
- La consommation d’aliments auxquels nos organismes ne sont pas habitués (fruits exotiques, épices, certains additifs, des conservateurs), parfois directement en raison de l’industrialisation de notre nourriture ;
- Le stress, le fait de manger vite qui fragilisent la muqueuse intestinale et la rendent plus perméable ;
- Ne pas assez mastiquer : le fait de bien mâcher pré-digère les aliments et les enrobe de salive qui contient un facteur de croissance, l’EGF (Epidermal Growth Factor), qui favorise la régénération des cellules intestinales.
Des solutions simples pour soulager l’intolérance au gluten
Vous constatez une intolérance au gluten ? La mise en place de mesures simples pourrait soulager vos symptômes. Pour commencer, il est bon de se forcer à prendre l’habitude de manger dans le calme et de pratiquer, si besoin, une méthode de relaxation. Ne dit-on pas que le côlon est le miroir de l’âme ? En effet, le stress augmente la perméabilité intestinale, et il faut savoir qu’il y a autant de cellules nerveuses dans l’intestin que dans le cerveau, les deux étant reliés par le nerf vague, un nerf très important dans la régulation du système nerveux.
Exclure dans un premier temps le blé est une autre solution... car, de nos jours, nous mangeons trop de blé. Entre les sandwichs, les pizzas, les pâtes, le tout associé à des boissons gazeuses qui perturbent notre tube digestif… Une solution à cela : introduisez plus de quinoa, de riz, de sarrasin dans votre alimentation, pour une meilleure digestion. Le simple fait d’exclure, puis de diminuer la quantité de blé peut régler le problème. Pour vous y aider, pourquoi ne pas ouvrir vos horizons et tester des recettes du monde entier ? Dhal de lentilles corail, falafels, tajines… voilà une occasion de sortir des sentiers battus pour découvrir de nouvelles saveurs !
Enfin, ne vous astreignez pas à un régime trop strict, qui peut vous exclure de la convivialité des repas ! Fort heureusement, les produits sans gluten se font de plus en plus nombreux sur les étals : pains, biscuits, pâtes, préparations pour pâte à pizza, etc., sont autant d’alternatives qui vous permettent de manger tous vos plats préférés en toute sérénité.
Dans tous les cas, prenez conseil auprès de votre médecin et de votre pharmacien et gardez du bon sens.