La prise en charge de l’asthme modéré à sévère
En France, on recense 4 millions de personnes atteintes d’asthme. Cette maladie respiratoire entraîne des conséquences qui ne sont pas à prendre à la légère. C’est pourquoi il est nécessaire de bien la prendre en charge afin d’offrir aux personnes asthmatiques la meilleure qualité de vie possible.
Comprendre l’asthme
L’asthme est une maladie chronique qui implique une inflammation permanente des bronches. Celle-ci se manifeste par des crises régulières, plus ou moins espacées : le passage de l’air dans les bronches devient difficile. Une gêne respiratoire apparaît, accompagnée de sifflements. Une sensation d’étouffement ou d’oppression s’ajoute à ces symptômes, avec parfois une toux d’irritation. En dehors des crises d’asthme, la respiration est normale. Des symptômes peuvent se manifester en dehors des crises en cas d’asthme persistant.
Certains facteurs favorisent le déclenchement d’une crise d’asthme ou son aggravation, parmi eux :
- Présence d’allergènes : acariens, poils d’animaux, moisissures, graminées, etc. ;
- Tabagisme actif ou passif ;
- Pollution atmosphérique ;
- Particules ou vapeurs de produits chimiques : peintures, colles, produits d’entretien, parfums, etc ;
- Infection respiratoire causée par une rhinite, une sinusite, une bronchite, une grippe ou autre maladie touchant la sphère ORL ;
- Effort physique ;
- Stress aigu ou chronique ;
- Chute des hormones sexuelles féminines avant les règles (asthme prémenstruel) ;
- Certains médicaments.
Les différents stades de sévérité de l’asthme
Il existe trois paliers de sévérité de l’asthme :
- Asthme léger : les symptômes ou la prise de bronchodilatateur ont lieu 1 à 2 fois par semaine. Les réveils nocturnes liés à l’asthme ont lieu au moins 2 fois par mois.
- Asthme modéré : les symptômes et le recours au bronchodilatateur sont quotidiens. L’asthme nocturne a lieu au moins 1 fois par semaine.
- Asthme sévère : les symptômes sont permanents et l’asthme nocturne est fréquent. Les activités physiques et quotidiennes sont limitées par l’asthme.
Les traitements de l'asthme
L’asthme est une maladie chronique. Son traitement associe une prise en charge ponctuelle des crises à un traitement de fond de la maladie. Ce dernier, même s’il n’apporte pas de guérison définitive, permet, à condition qu’il soit pris correctement, d’éviter la survenue de crises. Tout patient présentant un asthme dit modéré à sévère aura alors deux traitements :
- Les traitements de crise, généralement appelés bronchodilatateurs à action rapide, dilatent les bronches, mais ne réduisent pas l’inflammation. Ces médicaments à inhaler contiennent du salbutamol ou de la terbutaline.
- Les traitements de fond, quant à eux, réduisent l’inflammation du tissu bronchique et ainsi la fréquence des crises d’asthme. Il est donc essentiel de respecter leur administration, même en l’absence de symptômes.
Bien prendre en charge la crise
Les crises d’asthmes étant imprévisibles, il est impératif, pour une personne asthmatique, d’avoir toujours sur elle son bronchodilatateur. Il doit être utilisé dès les premiers symptômes et chaque inhalation doit être espacée d’au moins 30 secondes.
Traitement de fond : les corticostéroïdes
Le traitement de fond est le seul moyen de réduire efficacement et durablement le nombre, la durée et l’intensité des crises d’asthmes. Leur tête de proue, prescrit en première ligne, est la classe des corticostéroïdes. En tant qu’anti-inflammatoires, ils réduisent l’inflammation de la muqueuse bronchique et sa production de mucus.
En tant que corticoïdes, ils sont prescrits à la plus petite dose efficace possible. On les trouve essentiellement sous forme de spray (inhalation), mais également de comprimés dans les cas d’asthme sévère où les bronches seraient trop inflammées. Les deux modes d’administration procèdent du même mécanisme d’action mais l’inhalation permet des doses plus faibles, une action plus localisée et donc moins d’effets secondaires.
Attention aux effets indésirables
Hormones synthétisées naturellement par les glandes surrénales, les corticoïdes constituent les anti-inflammatoires les plus puissants de notre arsenal thérapeutique. Bien qu’ils soient rarement à l’origine d’effets secondaires sur le court terme, il s’en manifeste systématiquement lors de traitement au long cours (ostéoporose, problèmes cutanés et gastriques, affaiblissement des défenses immunitaires...).
Les autres traitements de fond
Lorsque les corticoïdes (ou corticostéroïdes) inhalés seuls ne suffisent pas à contrôler l’asthme, plusieurs autres traitements peuvent leur être associés :
- Les bronchodilatateurs à longue durée d’action qui agissent instantanément et pour une durée de 12 heures environ (formotérol, salmétérol) ;
- Les antileucotriènes qui défalquent l’activité des leucotriènes, impliqués dans le processus inflammatoire (montelukast) ;
- La théophylline qui est historiquement le premier bronchodilatateur connu, mais qui est rarement utilisée du fait de sa fenêtre thérapeutique étroite (dose la plus efficace avec le moins d’effets indésirables) ;
- L’anti-immunoglobuline-E administré sous-cutané, indiqué dans le traitement de l’asthme allergique sévère chez les individus réfractaires aux traitements précédents (omalizumab).
Focus sur l’asthme sévère
En France, l’asthme persistant sévère concerne 0,6 % de la population générale et 10 % des asthmatiques. Cette maladie, qui correspond au troisième et dernier palier dans la classification de la sévérité de l’asthme, se caractérise par une absence de contrôle de la maladie avec des crises quotidiennes diurnes et nocturnes et une activité physique limitée. Elle résulte généralement d’une aggravation d’un asthme plus modéré suite à son mauvais contrôle. D’où l’intérêt de l’observance dans le traitement de fond de son asthme.
La difficulté de prise en charge de l’asthme sévère réside en la méconnaissance des symptômes et l’impression d’être bien pris en charge. En effet, 73% des asthmatiques sévères estiment que leur maladie est bien contrôlée, alors qu’ils ne seraient que 15% dans les faits. Si les symptômes de l’asthme empiètent sur les activités de la vie quotidienne et causent une souffrance psychologique, même avec les inhalations, il est possible qu’il s’agisse d'asthme sévère. Dans ce cas, un rendez-vous chez le médecin s’impose pour en discuter.
Les infos en +
Dix minutes d’exposition quotidiennes au soleil au cours du deuxième trimestre de grossesse réduirait les risques d’asthme de l’enfant à naître.
Un accompagnement gratuit, confidentiel et sans engagement est mis à disposition par l’Assurance Maladie : il s’agit du service sophia asthme. Cet outil aide les personnes asthmatiques à mieux connaître la maladie tout en adaptant leurs habitudes quotidiennes pour leur bien-être.
Les nouveau-nés pourraient être protégés à vie contre l’asthme si leur flore intestinale acquiert certains types de bactéries (Faecalibacterium, Lachnospira, Veillonella et Rothia) avant l’âge de trois mois.
Quelques chiffres
- 4 millions de Français sont atteints par cette maladie. Parmi eux, un tiers a moins de 15 ans.
- L’asthme est responsable d’environ 2000 décès par an en France.