Personnes âgées : prévenir la déshydratation et la dénutrition
Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus à risque de dénutrition et de déshydratation ?
Avec l’âge, la perception de la soif et de la faim diminue, voire disparaît. De plus, la perte du goût qu’engendre le processus de vieillissement peut également être un frein à l’alimentation. La perte d’appétit peut survenir lors d’une hospitalisation (stress, fatigue, douleurs…) ou à l’entrée en maison de repos ou de retraite (perte de repères).
D’autres facteurs peuvent expliquer la dénutrition ou la déshydratation : des problèmes de dents, de déglutition, des troubles gastriques, une maladie, des médicaments ou encore un deuil, un isolement ou la dépression. La déshydratation et la dénutrition sont alors fréquentes chez les personnes âgées et peuvent avoir des conséquences graves.
Pour résumer, les causes de dénutrition et de déshydratation chez la personne âgée peuvent être provoquées par :
Des causes d’origine socio-psychologique
- une perte d’autonomie de la personne âgée, d’une diminution des forces
- une difficulté à se déplacer et aller faire des courses par exemple,
- de mauvaises habitudes alimentaires comme un manque de diversité, un régime avec trop peu de protéines, un apport insuffisant en vitamines et en oligo-éléments essentiels, une trop grande consommation d’alcool,
- des problèmes d’ordre financier.
Des causes médicales et/ou paramédicales
- des problèmes bucco-dentaires comme des douleurs dentaires ou un appareil dentaire mal entretenu et/ou défectueux,
- des problèmes au niveau de l’assimilation des aliments (problèmes de digestion, douleurs intestinales, difficultés pour mâcher et déglutir),
- des maladies infectieuses qui peuvent aggraver la dénutrition et la déshydratation (grippe, angine, gastro entérite),
- des maladies liées à l’âge comme la maladie d’Alzheimer (perte du réflexe de boire, perte de repères et de mémoire), incontinence urinaire, diarrhée, fièvre, vomissements,
- une prise de nombreuses traitements médicamenteux (diurétiques, laxatifs),
- une dépression, de la confusion et de la désorientation en lien avec l’âge,
- une diminution de la sensation de soif et de faim liée à l’âge.
Des causes environnementales
- des pertes anormales en eau à cause d’une canicule ou d’un chauffage intense en hiver,
- après une activité physique intense,
- le froid en hiver,
- la perte de repère.
Le saviez-vous ?
Avec l’âge, les sensations de soif et de faim changent totalement. C'est pourquoi la prévention et l’information sont essentielles pour éviter la dénutrition et la déshydratation.
En effet, il y a une perte de sensibilité au niveau des osmorécepteurs et/ou des barorécepteurs d’où cette diminution du besoin de boire et de manger. Aussi, avec l’âge, la composition corporelle change et se modifie. Par exemple, la densité osseuse et la force musculaire diminuent, entraînant ainsi une perte d’eau à la fois intracellulaire et extracellulaire. Le corps est composé à environ 65% d’eau. À partir d’un certain âge, ce taux peut descendre à 55%. La déshydratation a donc des conséquences beaucoup plus graves sur le sujet âgé. De plus, la crainte de l’incontinence urinaire chez les seniors peut parfois entrer en conflit avec le besoin de s’hydrater, limitant ainsi la prise de boissons.
Quels sont les signes de la déshydratation et de la dénutrition chez la personne âgée ?
On parle de dénutrition quand le régime alimentaire ne couvre pas les besoins de l’organisme. Cela peut conduire à un affaiblissement général, une fonte musculaire, une augmentation des risques de chute, une dépression… En cas de déshydratation, les signes sont similaires.
Certains signes peuvent alerter tel que :
- une perte de poids : une perte de poids de 5 % en 1 mois ou de 10 % en 6 mois est le signe d’une dénutrition. significative sur une courte période,
- une fatigue, une asthénie,
- une hypotension orthostatique, c'est-à-dire des vertiges et pertes d'équilibre,
- des troubles de la vue et de l’audition,
- une faiblesse musculaire,
- une réduction des activités entraînant un isolement,
- une bouche très sèche,
- de la confusion mentale,
- une difficulté à avaler des aliments,
- une peau qui se fripe plus facilement et qui est moins souple,
- des urines foncées et odorantes,
- une baisse de l’attention,
- un refus de manger et/ou de boire.
Les conséquences de la déshydratation chez les personnes âgées sont beaucoup plus impactantes : convulsions, coma, complications de certaines maladies déjà présentes (infection pulmonaire, hyperthermie). C’est pour cela qu’une vigilance accrue s’impose en cas de fièvre, d’activité sportive intense, de grandes chaleurs ou de troubles digestifs (constipation, diarrhée, vomissements).
Comment éviter la dénutrition et la déshydratation chez les seniors ?
Si vous souhaitez surveiller ou si vous remarquez des signes de dénutrition et/ou de déshydratation chez une personne âgée de votre entourage, il est important de rester vigilant sur les point suivants.
La surveillance du poids
Surveiller le poids tous les mois et le noter et identifier les causes de la perte d’appétit est indispensable. Pour cela, consultez votre médecin ou le médecin de la personne sur laquelle vous veillez. Il vous proposera des solutions adaptées et vous prescrira éventuellement des compléments alimentaires pour compenser les carences.
Une alimentation variée
L'alimentation doit couvrir l’ensemble des besoins de l’organisme en termes de nutriments. Évitez d’exclure certains aliments, jouez sur la variété. Ajoutez des épices, des herbes aromatiques, des condiments… et surtout faites-vous plaisir !
La régularité dans les repas
Manger systématiquement 3 repas par jour est important pour limiter les risques de dénutrition ou de déshydratation. Vous pouvez même rajouter 1 goûter, même léger. Préparez des menus pour la semaine. Cuisinez des portions à l’avance et partagez avec des amis les activités autour des repas (courses, préparation des repas…).
En cas de diarrhée, adaptez l'alimentation pour limiter son impact sur le niveau d’hydratation. Privilégiez des ingrédients comme le riz, les carottes cuites ou encore les bananes.
Une hydratation suffisante
Boire régulièrement c'est la base de tout. Même sans soif, buvez ou faites boire à la personne à risque au moins 1 à 1,5 litre par jour, pendant et en dehors des repas. Autre astuce pour être sûr de boire suffisamment : laissez toujours une bouteille en évidence. Buvez de petites quantités, tout au long de la journée. Utilisez des récipients adaptés et faciles à manipuler. Testez des boissons plus attractives : eau plate ou gazeuse, jus de fruits, lait, infusions de plantes, thé, café, potage, bouillon…
Il ne faut pas attendre la soif non plus, il est vivement conseillé de ritualiser la prise d'eau pour garantir une hydratation optimale. En cas de déshydratation, utilisez des solutés de réhydratation. Dans les cas les plus extrêmes, il sera peut-être nécessaire de passer une perfusion intraveineuse.
Une collaboration possible avec un ergothérapeute
Lorsque l’hydratation et l’alimentation deviennent un vrai problème, se tourner vers une équipe de professionnels peut changer la donne et soulager considérablement votre quotidien.
Savez-vous ce qu’est un ergothérapeute ? Il s’agit d’un ou d’une spécialiste dont le rôle principal est de faciliter le quotidien d’une personne dans l’incapacité de gérer sereinement son quotidien. Des mesures et des routines personnalisées sont donc mises en place par l’ergothérapeute qui étudie, conçoit et aménage l’environnement du patient.