Focus sur l'observance thérapeutique chez les séniors
Qu’est-ce que l’observance thérapeutique ?
L’observance thérapeutique est un terme médical désignant la manière dont un patient respecte ou non une prescription médicale. Ce terme ne concerne pas uniquement les traitements médicamenteux. L’observance thérapeutique peut également s’appliquer de le cadre de conseils pour une meilleure hygiène de vie, d’un rééquilibrage alimentaire ou d’un suivi biologique.
L’observance thérapeutique désigne différents comportements comme l’assiduité de la prise du traitement médicamenteux, le respect de la durée du traitement, le respect de la posologie et du nombre de prises par jour, le respect des modalités d’administration ou encore le respect des horaires de prises.
Cette observance thérapeutique peut être menacée par les difficultés du patient à prendre en charge sa santé. Notamment si celui-ci est un sujet senior. Les raisons d’une non-observance chez la personne âgée sont variées : mauvaise compréhension du traitement, effets secondaires, multiplicité des traitements, évolution de la maladie, dénutrition, difficultés motrices, facultés cognitives diminuées… Ainsi, si la prise des médicaments n’est pas rigoureuse, l’observance sera considérée comme mauvaise. Le patient est qualifié de non-observant quand il respecte à moins de 80% sa prescription médicale.
Que considère t-on comme une mauvaise observance ?
La non-observance peut se manifester sur différents niveaux :
- un mauvais dosage comme des erreurs dans la prise, une augmentation ou une diminution des doses ;
- un horaire non respecté comme une prise du traitement le matin plutôt que le soir ;
- une erreur dans la prise comme un mélange inapproprié de plusieurs médicaments ;
- un non-respect de la durée du traitement (pause, arrêt, prolongation) ;
- des interactions avec le traitement principal (mélange, automédication, polymédication) ;
- le non-respect des règles hygiéno-diététiques accompagnant le traitement.
Quelques chiffres concernant la non observance thérapeutique
Pour vous aider à comprendre l’impact de la non observance thérapeutique, voici quelques statistiques intéressantes.
D’après le LEEM (Les Entreprises du Médicament), syndicat professionnel du milieu pharmaceutique, le taux d’observance en France est de l’ordre de 40% :
- 1 patient sur 2 qui oublie de prendre ses médicaments,
- 1 patient sur 3 qui ne suit pas le traitement prescrit,
- 1 patient sur 4 qui ne respecte pas la dose prescrite,
- 3 patients sur 10 qui ne terminent pas leur traitement,
La mauvaise observance présente aussi certaines conséquences. Elle est responsable de 20 % des hospitalisations des plus de 80 ans. Selon une étude de l’IMS Health et du CRIP Pharma sur 6 pathologies, les complications liées à la non observance en France coûtent 9,3 milliards € par an.
Les seniors, les premiers concernés par l'observance
Bien que la non-observance concerne tous les âges mais les personnes sont statistiquement les plus touchées. 71% des plus de 50 ans et 86% des plus de 75 ans consomment des médicaments tous les jours. De plus, avec l’âge, l’état de santé a tendance à se dégrader. Plusieurs pathologies peuvent s’accumuler, ce qui entraîne par la même occasion une polymédication. La classe des plus 65 ans consomme ainsi en moyenne 3,9 médicaments différents par jour. Pour les plus de 80 ans, 4,4 médicaments. La charge mentale concernant la prise assidue des médicaments augmente aussi.
Quels gestes adopter pour une observance thérapeutique optimale ?
Lorsque des comportements de mauvaise observance sont constatés, il est tout à fait possible d’adopter de nouvelles mesures pour y remédier et permettre au patient de suivre correctement son ou ses traitements. Ces mesures peuvent s’appliquer aussi bien pour le patient que pour ses proches.
- Comprendre sa maladie et ses conséquences sur sa santé,
- Avoir une parfaite connaissance de tous ses traitements en cours,
- Encourager une conversation franche et transparente avec les professionnels de santé sollicités, poser des questions et demander des éclaircissement sur les traitements prescrits,
- Bien ranger et bien identifier vos médicaments. Utiliser un pilulier quotidien, hebdomadaire ou mensuel pour avoir facilement accès à tous les médicaments. Ces boîtes peuvent être remplies au préalable par un proche ou un professionnel de santé.
- Conserver les médicaments dans leur emballage.
- Préciser la posologie et les heures de prises directement sur les boîtes pour faciliter l’accès aux informations nécessaires.
- Écrire le nom du médicament prescrit sur les boîtes de génériques.
- Sans utilisation de pilulier, créer un tableau hebdomadaire ou mensuel dans lequel il est possible de cocher à chaque prise.
- Programmer une alarme sur un réveil ou un téléphone pour les différentes heures des prises. Certains piluliers électroniques sont munis d’alarmes et peuvent endosser ce rôle.
- Faire appel à un garde-malade, un(e) auxiliaire de vie et un(e) infirmier(ère) pour contrôler l’assiduité du patient et l’assister dans une poursuite optimale du traitement,
- Privilégier l’ordonnance unique auprès du médecin généraliste,
- Pour les professionnels de santé, encourager une démarche de pluridisciplinarité pour que les soins prodigués se complètent.
Quoi qu’il arrive, n’interrompez jamais un traitement médical et ne complétez pas votre traitement avec un autre médicament sans l’avis préalable de votre médecin ou de votre médecin généraliste. Soyez toujours honnête lors d’une consultation avec votre docteur concernant vos traitements en cours pour minimiser le risque d’interaction.
Mise en garde contre l'automédication
L’automédication est une pratique courante et qui est attrayante de par sa facilité. Réutiliser le même traitement car vos symptômes corrèlent avec ceux de l’année précédente et parce qu’il vous reste quelques cachets. Utiliser un antalgique pour soigner son mal de tête. Ces gestes paraissent anodins pourtant il convient d’être prudent.
L’automédication, notamment en cas de polymédication, peut être dangereuse. Elle peut provoquer une surmédication ainsi qu’une interaction médicamenteuse. Dans certains cas, certains produits peuvent contrecarrer ou modifier les effets d’autres traitements en cours. Avant toute prise de médicament ou même de complément alimentaire, pensez à toujours demander conseil à un professionnel de santé, tout en étant totalement transparent sur les traitements que vous suivez.