Êtes-vous misophone ? Découvrez tout sur la misophonie
Vous ne supportez pas les bruits de mastication ou le son du clavier de vos collègues ? Vous êtes peut-être misophone. Ce trouble neurologique complexe se traduit par une aversion intense à certains sons spécifiques. S’il s’agit d’un trouble bénin, il peut parfois totalement empiéter sur la vie sociale. Petit tour d’horizon.
La misophonie : qu’est-ce que c’est ?
La misophonie, littéralement "haine du son", est un trouble neurologique qui se manifeste par une réaction émotionnelle disproportionnée face à certains sons du quotidien. Ces sons, généralement produits par d'autres personnes, peuvent alors entraîner d’intenses irritations, du dégoût, voire de la colère.
Les personnes misophones peuvent présenter divers symptômes en réaction aux sons déclencheurs :
- Irritabilité, anxiété, dégoût, colère intense ;
- Accélération du rythme cardiaque, transpiration, bouffées de chaleur ;
- Comportements d'évitement avec une utilisation de bouchons d'oreilles, voire un isolement social.
Dans les cas les plus sévères, la misophonie peut entraîner des crises de panique, des pleurs, ou même des comportements agressifs.
Un trouble complexe et mal compris
Le terme "misophonie" a été introduit pour la première fois en 2001, mais ce trouble existait bien avant sa dénomination officielle. Pendant longtemps, les misophones ont été incompris, leurs symptômes étant souvent confondus avec ceux d'autres troubles psychologiques ou simplement considérés comme une hypersensibilité excessive.
Les études épidémiologiques à grande échelle sont encore rares, mais les recherches existantes suggèrent que la misophonie pourrait toucher entre 15% et 20% de la population générale, avec des degrés de sévérité variables. Ces chiffres pourraient être sous-estimés, car de nombreuses personnes ne cherchent pas d'aide médicale ou ne sont pas diagnostiquées.
La misophonie semble se développer généralement pendant l'enfance ou l'adolescence, avec un âge moyen d'apparition autour de 12 ans. Elle affecte les hommes et les femmes de manière à peu près égale, bien que certaines études suggèrent une légère prédominance féminine.
Quels sont les sons déclencheurs les plus communs ?
Il n’y a pas une misophonie, mais des misophonies. Les sons désagréables qui déclenchent colère et dégoût varient selon les personnes. Cependant, il est rapporté que les plus fréquents sont :
- Le bruits de mastication et de déglutition ;
- Les reniflements ou la respiration bruyante ;
- Les raclements de gorge ;
- Les sons répétitifs comme le tapotement d’un doigt ou le cliquetis d’un stylo ;
- Les bruits de clavier ou de souris d'ordinateur ;
- Les bruits de vaisselle ou de couverts.
À ces bruits courants s’ajoutent d’autres déclencheurs qui peuvent avoir un rapport avec un traumatisme spécifique, par exemple.
Qu’est-ce qui cause la misophonie ?
Les causes exactes de la misophonie ne sont, à ce jour, pas connues. Certaines recherches suggèrent qu'elle serait liée à une hyperactivation du cortex insulaire inférieur, une région du cerveau impliquée dans le traitement des émotions et des sensations. Cette hyperactivité pourrait expliquer pourquoi certains sons provoquent des réactions émotionnelles si intenses chez les personnes misophones.
Si sa cause est encore inconnue, la misophonie est, en revanche, souvent associée à d'autres troubles psychologiques ou neurologiques : troubles anxieux, dépression, trouble obsessionnel-compulsif (TOC), syndrome de stress post-traumatique (SSPT), troubles du spectre autistique…
Petit trouble pour grand impact : des difficultés dans la vie quotidienne
La misophonie peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Elle peut entraîner des difficultés dans les relations sociales, familiales et professionnelles, avec un isolement croissant et une anxiété chronique. À force d’éviter les situations qui pourraient déclencher de la colère, de l’anxiété ou du dégoût, les personnes misophones peuvent venir à décliner des invitations ou à ne plus vouloir participer à certaines activités. Apprendre à gérer sa misophonie devient alors primordial pour éviter de s’isoler.
Comment gérer sa misophonie ?
On ne guérit pas de la misophonie. En revanche, il est possible d’apprendre à vivre avec en testant différentes stratégies :
- Faire une thérapie cognitivo-comportementale pour gérer ses réactions ;
- Apprendre des techniques de relaxation pour traverser les crises ;
- S’exposer progressivement aux sons déclencheurs pour se désensibiliser ;
- Utiliser des bruits blancs ou de musique pour masquer les sons déclencheurs.
En dernier recours, il est possible de porter des bouchons. Cependant, il est déconseillé de les porter trop souvent, au risque de ne plus supporter le moindre bruit du quotidien.
Il faut également communiquer avec son entourage et sensibiliser ses proches à son trouble. Les personnes qui ne souffrent pas de misophonie ne se rendent pas compte que certains bruits peuvent être trop intenses pour leurs amis et parents misophones. Parfois, une simple conversation suffit à éviter de souffrir et de s’isoler.
Êtes-vous misophone ? Testez-vous !
Il est parfois difficile de différencier une réaction normale à un son désagréable d’un véritable trouble comme la misophonie. Pourquoi ne pas faire un test ? Bien sûr, il ne remplace pas un diagnostic clinique, mais il peut être une porte d’entrée pour mieux se comprendre et pour éventuellement consulter.
Répondez aux questions suivants :
- Certains sons du quotidien vous irritent-ils de manière disproportionnée ?
- Ressentez-vous de l'anxiété, de la colère ou du dégoût face à des bruits de mastication, de respiration ou autres sons corporels ?
- Avez-vous tendance à éviter certaines situations sociales par peur d'entendre ces sons ?
- Votre réaction à ces sons affecte-t-elle négativement votre vie quotidienne ?
- Avez-vous des manifestations physiques (accélération du rythme cardiaque, transpiration) en entendant ces sons ?
- Vous sentez-vous incompris lorsque vous expliquez votre aversion pour certains sons à votre entourage ?
Si vous avez répondu "oui" à la majorité de ces questions, il est possible que vous souffriez de misophonie. Si cette misophonie empiète de façon disproportionnée sur votre quotidien, il est recommandé de consulter un professionnel de santé pour un diagnostic précis et des conseils adaptés.
Sources :