Épidémie de coqueluche : ce qu'il faut savoir
Près de 6 000 cas de coqueluche ont été diagnostiqués en France depuis le début de l’année 2024 contre 485 en 2023. Un nombre de contamination inédit. Cette reprise épidémique était prévisible car la coqueluche connaît des pics cycliques tous les 3 à 5 ans, le dernier pic en France datant de 2018. D’ailleurs, plusieurs pays européens comme la Croatie, le Danemark et le Royaume-Uni connaissent également d'importantes épidémies actuellement. Que faut-il savoir sur cette infection respiratoire d’origine bactérienne ?
L’histoire de la coqueluche
La première description clinique recensée de la coqueluche date de 1578 par Guillaume de Baillou lors d'une épidémie à Paris. Cependant, une publication de 2015 dans le Lancet Infectious Disease suggère que les premières mentions remonteraient aux années 1480-1490 en Perse. Aux 17e et 18e siècles, de nombreuses épidémies de coqueluche sont décrites en Europe par des médecins comme Thomas Sydenham et Thomas Willis.
En 1900, les bactériologistes Jules Bordet et Octave Gengou découvrent l'agent responsable de cette infection, la bactérie Bordetella pertussis, dans les expectorations d'un enfant. Plus tard, en 1906, ils parviennent à isoler cette bactérie après avoir mis au point un milieu de culture spécifique.
Jusqu'au 20ème siècle, la coqueluche était l'une des principales causes de mortalité infantile. Les premiers vaccins contre la coqueluche sont développés dans les années 1920-1930 et ont permis de réduire considérablement les décès. En France, la vaccination généralisée à partir de 1966 a fait baisser au fur et à mesure la mortalité.
Quels sont les symptômes de la coqueluche ?
Il faut savoir que la coqueluche évolue généralement en 3 phases de symptômes.
La phase catarrhale dure entre 1 et 2 semaines. Les symptômes initiaux ressemblent à ceux d'un rhume :
- des éternuements,
- un écoulement nasal,
- une toux sèche (surtout la nuit),
- une perte d'appétit,
- un léger malaise.
La deuxième phase est la phase paroxystique qui dure entre 1 à 6 semaines selon les personnes et parfois jusqu'à 10 semaines. Cette phase est caractérisée par :
- des quintes de toux fréquentes, incontrôlables et violentes,
- une toux en salves de 5 à 10 expirations rapides suivies d'une inspiration bruyante (chant du coq),
- une toux souvent suivie de vomissements,
- une fatigue extrême accompagnée d’une perte de poids.
Chez les nourrissons, on peut observer une apnée et une cyanose, une coloration anormale bleutée de la peau, due à l'oxygénation insuffisante du sang. Il faut savoir que les symptômes sont plus sévères chez le bébé avec une toux quinteuse prolongée pouvant être asphyxiante.
La dernière phase de la coqueluche est celle de la convalescence (1 à 2 semaines). Durant cette période, on peut observer une diminution progressive des quintes de toux. Il faut cependant être prudent car il existe des chances de rechutes pendant les mois qui suivent.
Pourquoi appelle-t-on la coqueluche la toux de 100 jours ?
La coqueluche est aussi surnommée "la toux des 100 jours" en raison de la durée particulièrement longue des symptômes, et plus particulièrement la durée de la toux quinteuse caractéristique, qui peut persister pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois).
Coqueluche, bébés et femmes enceintes
La coqueluche est une maladie infectieuse qui peut s’avérer mortelle pour le bébé, surtout avant l’âge de 3 mois. Les nourrissons présentent un risque élevé de complications sévères comme une pneumonie, des fractures de côtes, des lésions cérébrales amenant parfois jusqu’au décès. Une majorité des nourrissons atteints de la coqueluche avant 3 mois devront être hospitalisés. Certains seront admis en réanimation.
L’importance de la vaccination des femmes enceintes
La vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche est recommandée entre la 20e et 36e semaine de grossesse, donc idéalement entre le 5ème et 8ème mois. Cette vaccination permet de transférer les anticorps protecteurs de la mère au fœtus via le placenta. Le nouveau-né est ainsi protégé dès la naissance et pendant les premiers mois de vie cruciale avant sa propre vaccination à l’âge de 2 mois. Cette stratégie "cocon" prévient environ 90% des hospitalisations et 95% des décès liés à la coqueluche chez les moins de 3 mois.
Qu’en est-t-il de la sécurité de la vaccination pendant la grossesse ?
Le vaccin contre la coqueluche administré aux femmes enceintes est considéré comme sûr pour la mère et le fœtus. Aucun excès de complications de grossesse, de prématurité, de malformations ou de problèmes chez le nouveau-né n'a été observé. Ainsi, face au risque élevé de coqueluche chez le nourrisson, la vaccination des femmes enceintes est vivement recommandée, une stratégie jugée sûre et très efficace.
Quel est le processus de vaccination de la coqueluche ?
Le processus de vaccination contre la coqueluche du nourrisson à l'âge adulte est le suivant :
La primovaccination des nourrissons se fait à l’âge de 2, 4 et 11 mois. Il s’agit d’un vaccin combiné hexavalent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, les infections à Haemophilus influenzae b et l'hépatite B. Cette primovaccination en 3 doses est obligatoire et essentielle pour protéger votre nourrisson. Ensuite, un rappel est recommandé à 6 ans, généralement avec un vaccin DTCaPolio. Un autre rappel est conseillé entre 11 et 13 ans avec ce même vaccin.
Comme mentionné plus haut, pour les femmes enceintes, la vaccination est recommandée entre entre le 5ème et 8ème mois. Ce geste permet de transférer les anticorps protecteurs au fœtus via le placenta pour protéger le nouveau-né.
Pour finir, à l’âge adulte, un rappel avec le vaccin DTCaPolio est recommandé à 25 ans si la dernière dose date de plus de 5 ans. Des rappels sont conseillés à 45 ans et 65 ans avec la valence coqueluche. Une dose est également recommandée pour l'entourage familial à la naissance, ce qu’on appelle la stratégie du cocooning.
Que faire en cas de coqueluche ? Quels sont les bons gestes ?
En cas de coqueluche, voici les principaux gestes à adopter selon les résultats de recherche :
- Consultez rapidement un médecin : une consultation médicale est indispensable dès les premiers symptômes de toux quinteuse caractéristique, parfois urgente chez le nourrisson. Le médecin pourra confirmer le diagnostic par un examen clinique et des tests biologiques, et prescrire un traitement antibiotique adapté.
- Suivez le traitement antibiotique prescrit : les antibiotiques permettent de diminuer la durée et la sévérité des symptômes, ainsi que la contagiosité. Ils sont particulièrement importants chez le nourrisson pour prévenir les complications graves.
- Respectez les gestes barrières : couvrez-vous la bouche en toussant et mouchez-vous dans des mouchoirs à usage unique. Lavez-vous fréquemment les mains au savon ou avec une solution hydroalcoolique. Aérez régulièrement les pièces et évitez les lieux confinés. Pour finir, portez un masque lors des contacts rapprochés.
- Surveillez attentivement les nourrissons : chez le nourrisson, surveillez étroitement l'apparition de signes de complications comme des difficultés respiratoires, une perte d'appétit, ou une coloration bleue de la peau.
- Évitez la transmission : isolez-vous autant que possible en restant à domicile pendant la période de contagion. Éloignez le malade des personnes à risque (nourrissons, femmes enceintes, personnes fragiles).
Il est très important de suivre ces gestes de prévention, de traitement et de surveillance, afin de limiter la propagation de la coqueluche et prévenir ses complications potentiellement graves, en particulier chez le nourrisson.