Addiction aux réseaux sociaux : Réagir en tant que parents
Selon Médiamétrie, les jeunes de 15 à 24 ans se connectent en moyenne 4 heures par jour. Plus de la moitié de ces heures est consacrée aux réseaux sociaux. Si l’usage d’Internet a ses propres avantages, représentant une fenêtre ouverte sur le monde, son utilisation excessive peut être problématique, surtout à un âge où votre enfant se construit psychologiquement et socialement. Quelle attitude adopter en tant que parents ?
Mon ado est accro aux réseaux sociaux : Pourquoi ?
Internet est une source d’information intarissable qui peut être utilisée de bien des façons. Le web prend une place prépondérante dans notre vie quotidienne, si bien que certains métiers sont nés grâce à lui ! C’est néanmoins les réseaux sociaux qui séduisent le plus les adolescents. Les raisons ? La possibilité d’échanger avec des personnes du monde entier, pouvoir partager sa vie… tout est fait pour que l’adolescent se sente au centre de l’attention. Internet est ainsi devenu une plateforme de rencontre et de divertissement intarissable, car il évolue sans cesse, en proposant toujours plus d’applications, de contenus ou encore de challenges. La facilité d’accès par le biais des smartphones fait également partie des raisons qui poussent les jeunes à consommer les réseaux sociaux de façon excessive. Cette cyber-surconsommation peut d'ailleurs mener à une véritable nomophobie lorsque le jeune est séparé de son téléphone.
L’addiction à Internet existe-t-elle vraiment ?
La reconnaissance formelle de l'addiction à Internet en tant que trouble distinct peut varier en fonction des classifications officielles et des opinions d'experts. Elle n’est officiellement pas reconnue comme pathologie dans la dernière édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), ni par l’OMS. Les seules addictions sans drogues reconnues internationalement sont l'addiction aux jeux d'argent et aux jeux vidéo. Cependant, certains spécialistes parlent plutôt de « pratique excessive » pour la dépendance aux jeux vidéo.
La démocratisation récente d’Internet fait certainement partie des causes qui rendent son addiction plus difficile à définir. De même, Internet se présente plutôt comme un support à l’addiction (jeux en ligne, réseaux sociaux…) et non une addiction en soi. De ce fait, les critères l’entourant restent parfois flous, et les actions à prendre peuvent l’être elles aussi.
Détecter une cyberdépendance
Les smartphones et les écrans sont désormais omniprésents dans notre vie quotidienne. La cyberdépendance peut être évaluée uniquement lorsque l'adolescent rompt complètement avec ses liens sociaux et se retrouve en difficulté dans ses activités quotidiennes, tant sur le plan scolaire que social.
Deux classifications sont utilisées dans le domaine médical pour détecter une dépendance : le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l'American Psychiatric Association et la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé (CIM-10) de l'Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, ils sont généralement utilisés pour détecter l’addiction à une substance (drogue, tabac, alcool).
L'addiction à Internet est souvent abordée sous l'angle des troubles du contrôle des impulsions, et certains experts suggèrent des critères spécifiques pour évaluer ces comportements. L’Internet Addiction Test de Kimberly Young en fait partie. Ces critères peuvent inclure des éléments tels que le temps excessif consacré à ces activités, la perte de contrôle, la négligence des obligations quotidiennes ou les conséquences négatives sur la vie personnelle et sociale.
Cyberdépendance ou difficultés relationnelles ?
Certaines études suggèrent que l'utilisation excessive des réseaux sociaux aurait un lien avec des troubles psychiatriques et psychologiques. La dépendance aux réseaux sociaux pourrait en effet exercer des impacts néfastes sur la santé mentale, mais les individus confrontés à des troubles de santé mentale sont potentiellement plus enclins à développer cette dépendance. Une étude menée en 2013 a relevé une corrélation entre le nombre d'heures passées sur Internet et la dépression, suggérant que l'augmentation du niveau de dépression peut être associée à l'isolement social pendant l'utilisation des réseaux sociaux, ainsi qu'à la comparaison avec le contenu des autres utilisateurs.
En somme, c’est un cercle vicieux qui s’auto-alimente s’il n’est pas pris en charge à temps. En tant que parents, vous êtes aux premières loges pour réagir face au comportement addictif de votre enfant.
Comment réagir face à l’addiction ?
Ouvrez le dialogue
Face à une utilisation excessive des réseaux sociaux par votre ado, initiez une discussion ouverte, dépourvue de jugements ou de critiques. Intéressez-vous à ses activités sur les réseaux sociaux, et invitez-le à partager ses préférences à leur sujet. Vous pouvez également exprimer vos préoccupations quant à son utilisation excessive et mentionner les changements observés dans son comportement. Expliquez-lui que vous comprenez les aspects attrayants des réseaux sociaux tout en soulignant les impacts négatifs potentiels. Après tout, vous consommez peut-être vous aussi du contenu sur les réseaux sociaux !
Posez des limites
Établissez des règles claires pour réguler la consommation des réseaux sociaux. Vous pouvez limiter l'utilisation quotidienne d’Internet en interdisant, par exemple, l'accès au smartphone pendant les devoirs, dans la chambre avant le coucher ou pendant les repas. La mise en place d'un contrôle parental et la définition d'horaires spécifiques d'utilisation sont également des mesures efficaces. Certaines applications peuvent être utiles dans la lutte contre la cyberdépendance, telles que Appblock et Stay Focused. Elles permettent de créer des profils et de définir les jours et les moments de la journée autorisés pour chaque application.
Nous vous déconseillons de priver complètement votre enfant de l'accès à Internet, car cela pourrait entraîner une rupture totale du dialogue avec lui, et il pourrait toujours trouver des moyens d’y accéder. Son utilisation fait partie des moyens de s’intégrer socialement, d’être accepté dans un groupe, et de communiquer avec ses amis. Interdire l'accès à Internet pourrait aggraver un isolement social pré-existant.
Apprenez-lui à détecter le danger
Enseignez à votre ado à faire preuve de prudence face aux demandes d'amis provenant de personnes qu'il ne connaît pas dans la vie réelle. Insistez sur le fait que les contenus qu'il partage sur les réseaux sociaux peuvent être accessibles à un large public et potentiellement détournés de leur intention initiale, pouvant ainsi affecter sa réputation en ligne. Vous pouvez lui conseiller de paramétrer ses comptes en mode privé pour restreindre l'accès à ses contenus uniquement aux personnes approuvées, réduisant ainsi le risque de harcèlement et d'interactions négatives.
Demandez l’aide d’un(e) professionnel(le)
Si les mesures précédentes se révèlent insuffisantes ou si l’addiction est particulièrement sérieuse, discutez-en avec votre médecin de famille qui pourra vous rapprocher d’un(e) thérapeute spécialiste. Une thérapie pourra aider votre ado à développer des relations sociales dans la vie réelle et à modifier ses habitudes pour mieux gérer la dépendance.
Comment prévenir la cyberaddiction ?
L'adage est finalement bien vrai : "Mieux vaut prévenir que guérir". Avant d'en arriver à de telles extrémités, sensibilisez votre enfant aux dangers d'Internet et des réseaux sociaux dès l'enfance, avant même qu’il ne puisse y accéder. Accompagnez votre ado lors de ses premières explorations sur Internet et établissez des règles claires concernant son utilisation.
En parallèle, encouragez votre enfant à passer du temps avec sa famille et ses amis dans la vie réelle, ainsi qu’à cultiver d'autres centres d'intérêt. Il équilibrera ainsi naturellement son utilisation d’Internet et des réseaux sociaux.