Tout savoir sur le hoquet
Le hoquet : ce petit son si familier qui surgit parfois sans crier gare. Qui n'a jamais été pris d'un fou rire incontrôlable face à un ami secoué par ces spasmes rythmiques ? Ou ressenti une pointe d'agacement lors d'une crise de hoquet survenue au beau milieu d'un moment important ? Ce phénomène, à la fois amusant et parfois gênant, est une expérience universelle.
Bien que le hoquet soit généralement inoffensif et passager, il suscite néanmoins beaucoup de curiosité. Pourquoi notre corps produit-il cette réaction étrange ? D'où vient ce son si caractéristique ? Et surtout, comment s'en débarrasser rapidement ? Entre les explications scientifiques et les remèdes de grand-mère transmis de génération en génération, le hoquet reste entouré d'un certain mystère.
Le processus physiologique du hoquet
Le hoquet, scientifiquement connu sous le nom de myoclonie phrénoglottique, est un phénomène physiologique fascinant qui implique une série de réactions en chaîne dans notre corps. Cette appellation complexe cache en réalité un mécanisme d'une précision remarquable.
Au cœur de ce processus se trouve le diaphragme, ce muscle essentiel à notre respiration. Lors d'un épisode de hoquet, le diaphragme se contracte de manière involontaire et soudaine. Cette contraction est immédiatement suivie, environ 35 millisecondes plus tard, par une fermeture rapide de la glotte, cette petite ouverture située entre les cordes vocales. C'est précisément cette fermeture qui produit le son caractéristique "hic" que nous associons au hoquet.
Ce ballet physiologique est orchestré par deux nerfs principaux :
- Le nerf phrénique, qui innerve le diaphragme et est responsable de sa contraction. Son irritation est souvent à l'origine du hoquet.
- Le nerf vague, qui passe derrière le diaphragme et innerve l'estomac, jouant également un rôle crucial dans le réflexe du hoquet
Ces nerfs font partie d'un réseau neuronal complexe que certains chercheurs considèrent comme un potentiel "centre du hoquet" dans le cerveau. Cette hypothèse souligne la sophistication de ce réflexe apparemment simple.
La fréquence du hoquet peut varier considérablement d'une personne à l'autre et d'un épisode à l'autre, allant de 15 à 60 contractions par minute. Chaque contraction, bien que nous semblant parfois interminable, ne dure en réalité que jusqu'à 0,5 seconde.
Le hoquet chez les bébés : un rôle insoupçonné dans le développement
Des études récentes ont mis en lumière un aspect intrigant du hoquet chez les nouveau-nés, révélant que ce réflexe pourrait jouer un rôle crucial dans le développement cérébral. Les chercheurs ont découvert que le hoquet provoque une réponse spécifique dans le cortex cérébral des bébés, générant trois types d'ondes cérébrales distinctes.
Cette activité cérébrale pourrait être essentielle dans l'apprentissage du contrôle de la respiration chez les nourrissons. Le hoquet, loin d'être une simple nuisance, pourrait donc être un mécanisme important dans le développement neurologique précoce, permettant au cerveau d'apprendre à surveiller et contrôler les muscles respiratoires.
Il est fascinant de noter que le hoquet commence dès la 9ème semaine de gestation. Les bébés prématurés passent environ 1% de leur temps, soit 15 minutes par jour, à avoir le hoquet. Cette fréquence élevée chez les plus jeunes renforce l'hypothèse de son importance dans le développement.
Les causes du hoquet, de l'anodin au pathologique
Le hoquet, bien que souvent anodin, peut avoir des origines diverses. On distingue généralement deux types de hoquet : le hoquet aigu, qui est le plus courant, et le hoquet chronique, plus rare et potentiellement lié à des conditions médicales sous-jacentes.
Les causes fréquentes du hoquet aigu sont souvent liées à nos habitudes alimentaires et à notre état psychologique :
Facteurs liés à l'alimentation
- Repas copieux ou épicés
- Ingestion rapide d'aliments
- Consommation de boissons gazeuses
- Consommation d'alcool
Facteurs psychologiques et physiologiques
- Stress et émotions fortes
- Hyperventilation
- Changements brusques de température
Le hoquet chronique : des causes plus complexes
Le hoquet est considéré comme chronique lorsqu'il dure plus de 48 heures. Ses causes peuvent inclure :
Troubles neurologiques
- Irritations du nerf phrénique
- Tumeurs cérébrales ou accidents vasculaires cérébraux (dans de rares cas)
Troubles digestifs
- Reflux gastro-œsophagien
- Hernie hiatale
- Distension de l'estomac
Causes médicamenteuses
- Corticostéroïdes (comme la dexaméthasone et la bétaméthasone)
- Benzodiazépines (lorazépam, midazolam)
- Certains antibiotiques (doxycycline, ceftriaxone)
- Antiépileptiques (éthosuximide, phénobarbital)
L'origine évolutive du hoquet : un vestige de notre passé ?
Des chercheurs ont proposé des théories fascinantes sur l'origine évolutive du hoquet, nous invitant à voir ce réflexe sous un nouvel angle :
- L'hypothèse de l'allaitement suggère que le hoquet pourrait être un vestige d'un réflexe permettant aux mammifères nourrissons de coordonner la tétée et la respiration, facilitant l'expulsion de l'air de l'estomac.
- L'hypothèse de l'ancêtre aquatique, proposée par une équipe de chercheurs français, avance que le hoquet pourrait être un vestige de notre lointain ancêtre aquatique commun, capable de respirer à la fois dans l'eau et hors de l'eau. Le hoquet serait alors une relique de la respiration branchiale, partageant des similitudes avec la respiration des amphibiens actuels.
Ces hypothèses, bien que nécessitant encore des recherches supplémentaires pour être pleinement validées, illustrent la complexité et l'ancienneté de ce réflexe apparemment simple qu'est le hoquet.
Comment faire passer le hoquet ? Top 3 des meilleures méthodes
Face à une crise de hoquet, de nombreuses méthodes existent, allant des remèdes de grand-mère aux techniques médicales. Voici un top 3 des méthodes les plus efficaces, validées par la science :
1- Manœuvre de Valsalva
Cette technique consiste à se boucher le nez et à expirer fortement en contractant la poitrine. Elle stimule le nerf vague et peut interrompre le cycle du hoquet en modifiant la pression intrathoracique. Cette méthode, bien que simple, exploite les mécanismes physiologiques complexes impliqués dans le hoquet.
2- Boire de l'eau glacée
Boire rapidement un grand verre d'eau très froide ou sucer des glaçons stimule le nerf vague et peut arrêter le hoquet. Cette méthode est particulièrement efficace car elle combine la déglutition et le choc thermique, deux stimuli puissants pour le système nerveux impliqué dans le réflexe du hoquet.
3- Respiration contrôlée
Cette technique implique de respirer profondément et lentement, en inspirant et expirant l'air lentement en comptant jusqu'à 5. Elle permet de réguler le fonctionnement du diaphragme et des muscles respiratoires, ce qui peut mettre fin au hoquet. Cette méthode a l'avantage d'être discrète et praticable dans presque toutes les situations.
Ces méthodes sont basées sur les principes physiologiques que nous avons détaillés ensemble dans cet article et ont montré une certaine efficacité dans des études cliniques. Bien évidemment, notons que l'efficacité peut varier d'une personne à l'autre, et que dans la plupart des cas, le hoquet finira par passer de lui-même.
Conclusion : le hoquet un phénomène plus complexe qu'on ne le pense
Le hoquet, bien que souvent perçu comme une simple nuisance, se révèle être un phénomène physiologique complexe qui continue d'intriguer les scientifiques. Des contractions involontaires du diaphragme aux mystérieuses causes qui le déclenchent, en passant par son rôle potentiel dans le développement cérébral des nourrissons, le hoquet nous rappelle la fascinante complexité de notre corps. Que vous optiez pour des techniques validées par la science comme la manœuvre de Valsalva ou la respiration contrôlée, ou que vous préfériez les astuces populaires, il est essentiel de garder à l'esprit que le hoquet est généralement bénin et transitoire.
Sources :