Comment soulager la sinusite ?
La sinusite correspond à une inflammation des sinus paranasaux, ces cavités remplies d'air situées dans les os du visage, autour du nez et des yeux. Cette inflammation provoque une obstruction qui empêche l'évacuation normale du mucus, entraînant son accumulation et l'apparition de symptômes caractéristiques : congestion nasale, douleurs faciales, écoulement nasal et maux de tête.
On distingue principalement deux types de sinusite selon leur durée d'évolution. La sinusite aiguë, la plus fréquente, dure moins de 12 semaines et est souvent d'origine virale, faisant suite à un rhume. La sinusite chronique persiste au-delà de 12 semaines et peut avoir diverses causes : infections bactériennes récurrentes, allergies ou anomalies anatomiques. Cette distinction est importante car elle influence directement le choix des traitements. Alors que les sinusites virales guérissent généralement d'elles-mêmes, les formes bactériennes peuvent nécessiter une prise en charge médicale spécifique.
Face à une sinusite, plusieurs approches permettent de soulager efficacement les symptômes : des méthodes naturelles à réaliser chez soi, des traitements médicamenteux disponibles sans ordonnance, et dans certains cas, des médicaments sur prescription. Cet article vous présente ces différentes solutions de soulagement, leurs modalités d'utilisation et les précautions importantes à respecter.
Méthodes naturelles pour soulager la sinusite à domicile
1. Nettoyage et irrigation nasale
Le lavage nasal représente l'une des méthodes les plus efficaces et les plus sûres pour soulager une sinusite. Cette technique permet d'éliminer le mucus épaissi, les allergènes et les irritants présents dans les cavités nasales.
Le sérum physiologique constitue la solution de référence. Il peut être utilisé sous forme de pipettes, de sprays ou de systèmes de douche nasale. Pour un nettoyage optimal, inclinez la tête sur le côté au-dessus d'un lavabo et instillez la solution dans la narine supérieure. Le liquide ressort par l'autre narine, emportant avec lui les sécrétions. Répétez l'opération de l'autre côté. Cette technique peut être pratiquée 2 à 3 fois par jour sans limitation de durée.
Les solutions salines hypertoniques, plus concentrées en sel que le sérum physiologique classique, exercent un effet décongestionnant plus marqué en réduisant l'œdème de la muqueuse nasale. Elles sont particulièrement utiles en cas de congestion importante.

2. Méthodes thermiques et d'humidification
Les inhalations de vapeur d'eau constituent un remède traditionnel particulièrement efficace. Placez votre visage au-dessus d'un bol d'eau chaude (non bouillante) et couvrez votre tête d'une serviette pour créer une chambre d'inhalation. Respirez profondément pendant 10 à 15 minutes. La vapeur humidifie les muqueuses, fluidifie les sécrétions et favorise leur évacuation.
Vous pouvez enrichir l'eau avec quelques gouttes d'huiles essentielles décongestionnantes comme l'eucalyptus radiata, le ravintsara ou la menthe poivrée. Attention : ces huiles sont contre-indiquées chez les enfants de moins de 6 ans, les femmes enceintes et les personnes épileptiques.
L'humidification de l'air ambiant soulage également les symptômes. Un taux d'humidité de 40 à 60% dans la chambre aide à maintenir les muqueuses hydratées. Utilisez un humidificateur d'air ou placez simplement un récipient d'eau près des radiateurs (en hiver).
Les applications de chaleur locale peuvent aussi apaiser les douleurs faciales. Appliquez une compresse chaude (gant de toilette imbibé d'eau chaude, bouillotte) sur les zones douloureuses pendant 10 à 15 minutes, plusieurs fois par jour.
3. Hydratation et repos
Une hydratation abondante (au moins 1,5 à 2 litres d'eau par jour) fluidifie naturellement les sécrétions nasales et facilite leur évacuation. Privilégiez l'eau, les tisanes chaudes ou les bouillons.
La position de sommeil influence le drainage des sinus. Dormez la tête légèrement surélevée (oreillers supplémentaires) pour favoriser l'écoulement des sécrétions pendant la nuit.
Le repos permet à l'organisme de concentrer ses défenses immunitaires contre l'infection ou l'inflammation.
Traitements médicamenteux pour soulager la sinusite
1. Antalgiques et anti-inflammatoires
Le paracétamol représente le traitement de première intention pour soulager les douleurs et la fièvre associées à la sinusite. Efficace et bien toléré, il peut être pris à la posologie de 1g toutes les 6 heures, sans dépasser 4g par jour chez l'adulte. Il ne présente pas de contre-indication particulière, si ce n'est en cas d'insuffisance hépatique sévère.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène ou le naproxène agissent à la fois sur la douleur et l'inflammation des sinus. L'ibuprofène se prend à raison de 400mg toutes les 6 à 8 heures, sans dépasser 1200mg par jour. Ces médicaments sont particulièrement efficaces pour réduire l'œdème de la muqueuse nasale. Cependant, les AINS présentent des contre-indications importantes : ulcère gastro-duodénal, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, grossesse (à partir du 6ème mois), et certaines interactions médicamenteuses. Ils doivent être pris au cours des repas pour limiter les effets gastriques.
2. Les médicaments spécifiques sans ordonnance
Pour atténuer les symptômes d’une sinusite légère à modérée, certains traitements disponibles sans ordonnance peuvent aider à décongestionner les fosses nasales et favoriser un meilleur confort respiratoire. Parmi eux, Humer Sinusite est une solution hypertonique associant des extraits d’eucalyptus et de menthol, reconnue pour aider à dégager le nez et réduire la pression sinusienne. Il peut être utilisé en complément du lavage nasal pour améliorer le drainage des sinus.
De son côté, Bloxinus Rhinosinusite Spray Nasal Antœdémateux agit grâce à une association de dérivés terpènes destinée à diminuer l’inflammation locale et l’encombrement des muqueuses. Ces sprays peuvent contribuer à réduire la sensation de nez bouché et de lourdeur sinusienne.
3. Corticostéroïdes nasaux
Les corticostéroïdes en spray nasal constituent un traitement très efficace de la sinusite, particulièrement dans les formes allergiques ou chroniques. Ces médicaments exercent une action anti-inflammatoire locale puissante qui réduit l'œdème de la muqueuse et améliore le drainage des sinus.
Contrairement aux idées reçues, ces sprays n'entraînent pas d'effets systémiques significatifs car ils agissent localement avec une absorption minimale. Ils peuvent être utilisés sur des périodes prolongées sous surveillance médicale.
L'efficacité maximale s'obtient après plusieurs jours d'utilisation régulière. Les effets secondaires sont rares et se limitent généralement à une sécheresse nasale ou de légers saignements de nez.
4. Cas particulier des antibiotiques
Les antibiotiques ne sont indiqués que dans les sinusites bactériennes confirmées, soit environ 2 à 5% des cas seulement. La majorité des sinusites étant d'origine virale, les antibiotiques n'apportent aucun bénéfice et peuvent même être délétères.
Les critères de suspicion d'une sinusite bactérienne sont précis :
- Persistance ou aggravation des symptômes au-delà de 10 jours sans amélioration
- Aggravation secondaire après une amélioration initiale (forme biphasique)
- Fièvre élevée (>39°C) associée à un écoulement nasal purulent et des douleurs faciales intenses
- La prescription d'antibiotiques nécessite impérativement un avis médical. Le médecin évaluera la situation clinique et pourra, si nécessaire, prescrire l'antibiotique adapté.

Quelques mises en garde importantes en cas de traitement médicamenteux de la sinusite
Précautions en cas d'utilisation de décongestionnants oraux et nasaux
Les décongestionnants nasaux (sprays à base d'oxymétazoline, xylométazoline, naphazoline) et oraux (pseudoéphédrine, phényléphrine) ne doivent être utilisés que sur une durée maximale de 3 à 5 jours.
Au-delà de cette période, ils provoquent un effet rebond : la congestion nasale s'aggrave à l'arrêt du traitement car les vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale deviennent dépendants du médicament pour se contracter. Cette rhinite médicamenteuse peut persister plusieurs semaines.
Ces médicaments présentent également des contre-indications importantes : hypertension artérielle, troubles du rythme cardiaque, hyperthyroïdie, glaucome, grossesse et allaitement. Ils peuvent interagir avec de nombreux médicaments, notamment les antidépresseurs.
L'alternative recommandée reste le lavage au sérum physiologique, sans limitation de durée et sans effets secondaires.
Précautions en cas d'utilisation d'antihistaminiques
L'usage des antihistaminiques en cas de sinusite aiguë n’est pas conseillé et est considéré comme contre-productif. Ces médicaments, conçus pour traiter les allergies, ont tendance à assécher et épaissir les sécrétions nasales, rendant leur évacuation plus difficile.
Ils ne sont réellement utiles que dans les sinusites d'origine allergique avérée, où l'inflammation est déclenchée par des allergènes (pollens, acariens, poils d'animaux). Dans ce cas, le choix se portera de préférence sur les antihistaminiques non sédatifs (cétirizine, loratadine, desloratadine) qui n'entraînent pas de somnolence.
En cas de doute sur l'origine allergique de votre sinusite, consultez votre médecin ou votre pharmacien avant d'utiliser ces médicaments.
Conclusion
Pour soulager efficacement une sinusite, une approche progressive est recommandée. Commencez toujours par les méthodes naturelles : le lavage nasal au sérum physiologique, les inhalations de vapeur et une hydratation abondante constituent les premiers gestes à adopter. Ces techniques simples et sans effets secondaires suffisent souvent à améliorer significativement les symptômes.
Si ces mesures s'avèrent insuffisantes, les traitements médicamenteux peuvent prendre le relais. Gardez cependant à l'esprit les signaux d'alarme qui nécessitent impérativement une consultation médicale : fièvre élevée persistante, aggravation des symptômes après 10 jours, douleurs faciales très intenses ou troubles visuels. Ces signes peuvent indiquer une complication ou une forme bactérienne nécessitant un traitement antibiotique sur prescription.
Sources :
- Sinusite aiguë : que faire et quand consulter ? - ameli.fr
- Comment traite-t-on une sinusite ? - vidal.fr
- "Sinusite" par Marvin P. Fried, MD, Montefiore Medical Center, The University Hospital of Albert Einstein College of Medicine, Révisé parLawrence R. Lustig, MD, Columbia University Medical Center and New York Presbyterian Hospital - msdmanuals.com