Pourquoi bâille-t-on ?
Un peu fatigué, en milieu d’après-midi, vous ouvrez grand la bouche et laissez échapper un bâillement. C’est agréable, presque reposant. Mais comment ce processus physiologique fonctionne-t-il ? Et plus simplement, pourquoi bâille-t-on ? On vous dévoile l’essentiel sur le sujet.
Processus physiologique du bâillement
Le bâillement est un réflexe complexe qui implique de nombreux muscles comme le diaphragme et ceux du cou et de la mâchoire. Il se déroule en 6 étapes :
- Une inspiration profonde : le processus commence par une inspiration lente et profonde d'air frais. Les muscles respiratoires comme le diaphragme et les muscles intercostaux se contractent, permettant de remplir les poumons d'une grande quantité d'air.
- L’ouverture de la bouche : simultanément, les muscles de la mâchoire inférieure (muscles masséters et temporaux, etc.) se relâchent, provoquant l'ouverture involontaire de la bouche. Les muscles des joues, des lèvres et du palais mou se tendent également.
- L’étirement : les muscles du cou, du dos et des épaules se contractent légèrement, produisant une sensation d'étirement agréable. Ce mouvement d'extension maximise l'apport d'air frais.
- L’apnée : une brève apnée d'environ une seconde se produit, durant laquelle l'acuité auditive diminue temporairement en raison de l'ouverture des trompes d'Eustache.
- L’expiration : après cette courte pause, une expiration lente et prolongée se produit, évacuant l'air désormais appauvri en oxygène. Les muscles précédemment contractés se relâchent.
- La fermeture de la bouche : enfin, les muscles de la mâchoire se resserrent, refermant la bouche et marquant la fin du bâillement.
Le rôle de l'oxygénation du sang et du cerveau
Cependant selon les recherches récentes, le bâillement ne jouerait pas un rôle significatif dans l'oxygénation du sang et du cerveau, bien qu’il s’agisse d’une des idées les plus répandues.
Pour résumer, ces études ont pu observer les choses suivantes :
- Le taux d'oxygène dans le sang tend à baisser brièvement après un bâillement, plutôt qu'à augmenter.
- Les poissons et les fœtus sont également capables de bâiller alors qu'ils vivent dans un environnement liquide, ce qui remet en cause le rôle d'oxygénation.
- Faire inhaler de l'air enrichi en CO2 à des sujets ne déclenche pas plus de bâillements, ce qui contredit l'hypothèse d'un appel d'oxygène du cerveau.
- Le bâillement comporte une brève apnée à son apogée, peu propice à l'oxygénation.
En réalité, bien que son rôle exact reste toujours mal compris, le bâillement semblerait plutôt lié à la régulation de la vigilance, de la température cérébrale et à une fonction de communication sociale non-verbale. En fait, son mécanisme d'inspiration profonde suivie d'une expiration lente permettrait de "rafraîchir" le cerveau en augmentant le flux sanguin, mais pas nécessairement d'augmenter les niveaux d'oxygène.
Causes et fonctions du bâillement
Mais finalement alors, pourquoi baille t-on au juste ? Certes c'est parfois agréable mais rien n'arrive jamais par hasard dans le corps humain. Intéressons-nous maintenant aux fonctions du bâillement au niveau physiologique mais aussi à ce qui provoque ce phénomène en premier lieu.
Les causes du bâillement
- La fatigue et la privation de sommeil sont des facteurs déclenchants majeurs du bâillement.
- L'ennui, la monotonie et la baisse de concentration peuvent induire des bâillements.
- Le bâillement peut aussi être provoqué par la faim, la satiété, l'anxiété ou certains médicaments.
Les différentes fonctions du bâillement
- Régulation de la vigilance et du cycle veille/sommeil
- Le bâillement permettrait de stimuler la vigilance et de réguler le cycle veille/sommeil en cas de fatigue ou de baisse de vigilance.
- Régulation de la température cérébrale
- Le bâillement aiderait à réguler la température du cerveau en augmentant le flux sanguin.
- Communication sociale non verbale
- Le bâillement contagieux chez l'humain suggère un rôle de communication sociale et d'empathie, bien que son origine exacte reste mal comprise.
Pourquoi le bâillement est-il contagieux ?
À ce stade de l’article, vous avez peut-être déjà baillé plusieurs fois. En effet, le bâillement est dit “contagieux” mais il est intéressant de préciser qu’il ne l’est que chez les Hommes.
Ainsi, ce phénomène de contagion du bâillement, c'est-à-dire le fait qu'une personne qui bâille déclenche souvent le même réflexe chez les personnes autour d'elle, reste encore mal compris par les scientifiques. Cependant, plusieurs théories ont été avancées pour expliquer ce comportement.
La théorie de l'empathie et des neurones miroirs
Selon cette hypothèse, lorsqu'on observe quelqu'un bâiller, cela active nos "neurones miroirs", ces neurones qui s’activent lorsqu'on effectue une action ou qu'on observe cette même action chez autrui. En fait, on associe cette contagion à un mécanisme d'empathie et d'imitation involontaire qui pourrait expliquer la contagion du bâillement.
Communication sociale non verbale
Cette forme de communication a déjà été cité plus haut dans l’article pour expliquer les fonctionnements du bâillement. Il se pourrait que sa contagion chez l’humain puisse être expliqué comme une forme de communication sociale primitive héritée de l'évolution. Ainsi en imitant le bâillement d'un congénère, on manifesterait inconsciemment un lien social et un attachement à ce groupe.
Synchronisation des cycles de veille et de sommeil
Certains chercheurs suggèrent que le bâillement contagieux permettrait une meilleure synchronisation des cycles veille/sommeil au sein d'un groupe social et par extension que ce comportement favoriserait la cohésion du groupe.
Pour résumer, bien que son origine exacte reste débattue, le caractère contagieux du bâillement semble être un trait comportemental propre à l'espèce humaine. On lie ce caractère à nos capacités d'empathie, de communication non verbale et de vie sociale.
Le saviez-vous ?
Le bâillement recèle de nombreuses anecdotes étonnantes. En voici quelques-unes :
★ Un australien détient le record du bâillement le plus fort du monde le 29 janvier 2021. Celui-ci a été enregistré à 112,4 décibels. Aussi fort qu’un… marteau piqueur (entre 100 et 120 dB) !
★ Le journal Le Monde décrit dans l’un de ses articles le cas d'une jeune femme indienne de 18 ans, qui a souffert pendant 2 ans de crises de bâillements incoercibles, avec 20 à 30 bâillements d'affilée, jusqu'à 10 à 12 fois par jour. Cet état était causé par une tumeur cérébrale bénigne.
★ Selon une étude, la durée du bâillement pourrait être corrélée à la taille et à la complexité du cerveau. Plus le bâillement est long, plus le cerveau est gros et compte de neurones. Par exemple, les souris bâillent en moyenne 0,8 seconde contre 6,5 secondes pour les humains.
★ Pour finir, le bâillement n'est pas l'apanage des humains puisqu'on l'observe aussi chez de nombreuses espèces animales comme les primates, les félins, les rongeurs et même certains poissons et reptiles !