Les traitements contre le cancer : Focus sur l’immunothérapie
Indiquée dans le traitement de certains cancers, l’immunothérapie consiste à stimuler la réponse immunitaire de l’organisme (anticorps) contre les cellules cancéreuses. Elle recourt à des médicaments spécifiques qui ont un rôle différent selon la méthode d’immunothérapie. Ce traitement prend de plus en plus de place en France, et les études pour les améliorer progressent année après année.
L’immunothérapie : une technique révolutionnaire ?
Le principe : utiliser notre propre système immunitaire pour traiter le cancer. En effet, les cellules cancéreuses ne sont pas considérées comme étrangères par l’organisme (ou très peu). Il faut apprendre au système immunitaire à les reconnaître et à les éliminer, comme il le fait par exemple pour les virus ou les bactéries. Ce traitement peut agir sur différentes cellules impliquées dans la réponse immunitaire.
On parle d’immunothérapie passive quand on apporte à l’organisme des anticorps pour le protéger et d’immunothérapie active quand on stimule le système immunitaire pour qu’il se défende seul. Elle peut être utilisée en monothérapie (notamment lorsqu’elle est l’unique moyen de traitement pour certains patients), mais est le plus souvent administrée en association avec d’autres traitements (chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie…) ou en complément de ceux-ci.
De récentes recherches ont rapporté que 25 % des patients traités par immunothérapie ont présenté une « réponse durable » (durée de survie sans progression du cancer), contre 11 % pour d’autres traitements (dont la chimiothérapie). Cela concernerait donc 1 patient sur 4 traité par immunothérapie.
Immunothérapie : la recherche avance
Aujourd’hui, plusieurs immunothérapies ont été autorisées et sont utilisées. D’autres sont en cours d’évaluation. Ces techniques montrent déjà des résultats qui sont variables selon les patients et les types de cancer. À ce jour, l’immunothérapie ne peut être utilisée que pour un nombre restreint de cancers, dont le mélanome, le carcinome pulmonaire à petites cellules, le cancer du rein, le cancer du sein, le cancer de la vessie, certains cancers de la tête et du cou, le lymphome hodgkinien et certaines leucémies.
La recherche continue de progresser dans ce domaine et ne cesse de faire des avancées majeures. De nombreuses pistes sont ainsi explorées par les chercheurs pour améliorer cette technique porteuse d’espoir, mais aussi afin de pouvoir l’utiliser sur d’autres types de cancers.
Les différentes méthodes d’immunothérapie
L’immunothérapie locale
Elle consiste en la stimulation de l’immunité locale par des injections elles aussi locales. Cette méthode est utilisée contre le cancer de la vessie.
Les interleukines 2 et interféron
Il s’agit de stimuler le système immunitaire par l’injection de cellules immunitaires synthétiques, normalement produites par l’organisme en cas d’agression. Deux variétés de cytokines sont actuellement le plus souvent utilisées : l’interféron et l’interleukine 2. Les deux molécules peuvent être associées.
L'interleukine 2 est utilisé contre deux cancers chimiorésistants, le cancer du rein métastatique et le mélanome métastatique, et après le traitement initial en cas de mélanome de mauvais pronostic.
L'interféron, en association à l’interleukine 2, est employé contre les cancers du rein, les leucémies, les lymphomes, le myélome ou le mélanome.
Les anticorps monoclonaux
Ces anticorps visent à empêcher la prolifération cellulaire. De récentes études ont permis de les rendre plus spécifiques et mieux tolérés par les patients.
Cette forme d'immunothérapie est utilisée contre le lymphome malin de type folliculaire résistant à la chimiothérapie et certaines formes du cancer du sein évoluées.
Les anticorps bispécifiques
Ils activent le système immunitaire en rapprochant les cellules immunitaires (comme les lymphocytes T) des cellules tumorales, ce qui facilite l’élimination de ces dernières.
Cette technique est employée dans les cas de leucémies aiguës lymphoblastiques.
Les anticorps monoclonaux conjugués
Ces anticorps liés à des substances radioactives ou à des agents chimiothérapeutiques se fixent sur les cellules cancéreuses où ils libèrent la radiation ou la dose de médicament visant à les détruire.
Cette technique est utilisée contre certains types de lymphome non hodgkinien ou de cancer du sein métastasique.
Les inhibiteurs de points de contrôle
Il s’agit d’empêcher les cellules tumorales de verrouiller le système immunitaire, ce qu’elles font en activant des « points de contrôle » immunitaires (ou checkpoints). Une fois le système débloqué, il peut agir contre les tumeurs et les rejeter. Malheureusement, tous les patients ne répondent pas à ce type de traitement.
On emploie cette forme d'immunothérapie contre le cancer du poumon, le mélanome, et le cancer du rein.
Les vaccins thérapeutiques
Ce sont des vaccins qui apprennent au système immunitaire à s’attaquer aux cellules cancéreuses. Ils sont dirigés vers une protéine localisée sur les tumeurs. Contrairement aux vaccins « classiques », ils ne visent pas à prévenir la maladie, mais à la traiter ou à aider à la traiter.
Les vaccins thérapeutiques permettent de lutter contre les formes avancées de cancer de la prostate.
Modes d’administration et effet secondaires
Quels sont les modes d'administration de l'immunothérapie ?
L'immunothérapie est administrée par voie orale (pilule, gélule), par voie intraveineuse ou par application sur la peau. Les traitements sont administrés à l’hôpital ou à la maison selon les cas.
Quels sont les effets secondaires de l'immunothérapie ?
La plupart des effets secondaires de l'immunothérapie sont légers et transitoires. Ils dépendent du médicament, des associations médicamenteuses, de la dose, du patient, du mode d’administration.
Les effets secondaires les plus courants sont :
- État grippal (fièvre, frissons, courbatures) ;
- Nausées, vomissements, diarrhée ;
- Perte d’appétit ;
- Fatigue ;
- Réactions cutanées, démangeaisons ;
- Troubles respiratoires ;
- Troubles cardiovasculaires ;
- Troubles de la fonction rénale ;
- Baisse des globules rouges, des globules blancs ou des plaquettes ;
- État dépressif ;
- Atteinte des nerfs.
Les symptômes cutanés seraient les plus fréquents.
Il est possible de soulager ces effets secondaires en douceur afin de permettre au patient de mieux supporter son traitement. S’ils sont légers, ils pourront être traités sans interrompre ou espacer les séances d’immunothérapie.
Des symptômes auto-immuns et des pathologies inflammatoires
Dans certains cas, l’immunothérapie active le système immunitaire contre des cellules non cancéreuses de l’organisme. Les patients souffrent alors de symptômes auto-immuns ou de pathologies inflammatoires. Bien que ces effets soient la plupart du temps réversibles, ils peuvent avoir des conséquences importantes en fonction de l’organe atteint.
Les interleukines 2 induisent des symptômes inflammatoires parfois sévères. C’est pourquoi des interleukines 2 légèrement modifiés sont en cours de développement. Les essais sont prometteurs ; ils seraient tout aussi efficaces, sans induire d’effets secondaires lourds. Gageons qu’ils pourront être utilisés en immunothérapie dans les années à venir.